La ministre raconte son amour de la cuisine.

(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau aime se détendre à l’occasion dans un ring en enfilant des gants de boxe. La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, se change les idées en chaussant ses souliers de course pour jogger dans les rues de la capitale fédérale.

La ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier, elle, a une tout autre passion pour se détendre après une longue semaine de travaux parlementaires. Elle met simplement son tablier, aiguise ses couteaux, fouille dans son frigo et cuisine.

Au fil des années, cette passion lui a permis de gagner rapidement le cœur de bien des gens de son patelin et d’ailleurs. Même ses proches collaborateurs de son bureau à Ottawa ont succombé au charme de ses talents culinaires. D’ailleurs, elle leur rapporte fréquemment des collations irrésistibles au début de la semaine ou encore leur prépare des plats concoctés avec toute la saveur gaspésienne, quand vient le temps de marquer la fin de la session parlementaire.

Le pot-en-pot des Îles-de-la-Madeleine – l’une des recettes les plus populaires de la région, qui met en valeur les meilleurs produits de la mer – qu’elle a préparé au printemps lors d’un souper de l’équipe ministérielle fait encore vibrer les papilles de son attaché de presse Chris McMillan.

« J’aime faire à manger », lance d’emblée la ministre Diane Lebouthillier, en portant son beau tablier. La Presse l’a rencontrée à son appartement de Gatineau, où elle réside quand la Chambre des communes siège à Ottawa.

En prévision de cette entrevue qui visait à expliquer cette passion qui l’anime, la ministre n’a pas ménagé ses efforts : un potage à la citrouille en entrée, des galettes de morue accompagnées d’une salade du jardin comme plat principal et une croustade aux pommes comme dessert.

PHOTO MARTIN ROY, LE DROIT

Diane Lebouthillier, ministre du Revenu national

J’ai élevé mes enfants toute seule. J’étais une mère de famille monoparentale. J’avais mon emploi. J’étais intervenante sociale. J’avais trois garçons. Et ils mangeaient beaucoup !

Diane Lebouthillier, ministre du Revenu national

Cuisiner était donc une obligation pour réussir à joindre les deux bouts à cette époque. Mais la passion pour les recettes maison lui a aussi été transmise par ses parents, qui étaient propriétaires d’une épicerie à Newport. La famille habitait au-dessus de l’épicerie.

« Ma mère apprêtait tout ce que les clients n’achetaient pas. La tomate qui était à moitié abîmée, ma mère la ramassait et récupérait la bonne partie. C’était donc une personne économe et qui faisait attention. J’ai appris cela très tôt dans ma vie. Mes parents ont travaillé très fort. Quand mon père était plus jeune, il ne mangeait pas toujours à sa faim. C’était à l’époque où on allait ouvrir des terres. […] Le gaspillage alimentaire, je suis très sensible à cela », a-t-elle dit.

Mme Lebouthillier se souvient encore que le comptoir à légumes à l’épicerie se composait essentiellement de carottes, de navets, d’oignons et de choux.

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Diane Lebouthillier et sa croustade aux pommes

« Il y avait un ananas par année. C’était la femme du docteur Joncas, le médecin du coin, qui achetait cet ananas-là. C’était pour son souper de Pâques. Mes parents aimaient aussi faire à manger. Mon père était du genre à tout essayer. On avait beaucoup de pêcheurs qui venaient faire leur épicerie. Et quand ils allaient à la pêche à la morue, ils attrapaient aussi du crabe. Ils les apportaient à l’épicerie dans des sacs à vidanges verts. Mon père faisait cuire ça. On avait des tordeurs à linge dans le temps. Et pour défaire les pattes de crabe, il les passait là-dedans ! C’était ça, la vie ! »

Ces leçons de la vie l’ont grandement servie plus tard. « Quand j’étais monoparentale, les repas que je préparais pour mes trois garçons, c’était le fruit de mon travail. Je devais payer la maison, l’auto, et m’assurer de nourrir les enfants. J’ai donc toujours donné une valeur importante à cuisiner. Si je jette quelque chose à la poubelle, c’est comme si je jetais tous les efforts de mon travail à la poubelle. »

Depuis qu’elle est devenue ministre du Revenu, à l’automne 2015, Mme Lebouthillier prend le temps d’offrir des gâteries aux employés de son bureau. « Je suis, dans le plus profond de moi-même, une mère de famille et une grand-mère », dit-elle en s’attablant.

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Diane Lebouthillier, ministre du Revenu national

Je trouve que tu t’occupes de ton monde quand tu prends en considération les gens qui sont autour de toi. Consacrer du temps à la nourriture devient pour moi une marque de reconnaissance envers les autres. J’ai pris le temps de faire les choses et je le fais avec tout mon cœur. C’est une belle façon de les remercier.

Diane Lebouthillier, ministre du Revenu national

Elle souligne que bien des employés qui travaillent dans les bureaux de ministres sont des jeunes loin de leurs familles. « Je me sens loin des miens quand je suis à Ottawa. Je sais ce qu’ils vivent. Et je crois que ces petites douceurs leur font plaisir et je me fais plaisir aussi en faisant cela. » Les petites douceurs qui font fureur sont ses pains aux bananes, ses muffins au chocolat et aux pelures de bananes et ses galettes.

Par la même occasion, elle fait connaître les produits du terroir. « Quand je passe à la sécurité à l’aéroport, je dis aux gens que s’ils ouvrent ma valise, ils vont avoir une surprise. Ce n’est pas de la drogue, c’est du poisson salé séché que j’ai acheté et je l’ai enveloppé dans du Saran Wrap pour éviter que cela sente ! »

Interrogée pour savoir si elle offre les mêmes douceurs à ses collègues ministres du cabinet ou au premier ministre Justin Trudeau, Mme Lebouthillier répond du tac au tac. « Non ! Ils ont déjà des gens qui leur font à manger ! Ils n’ont pas besoin de moi ! »