(Ottawa) L’un des organisateurs du « convoi de la liberté » a reconnu mardi qu’il n’avait pas le contrôle sur tous les camionneurs paralysaient le centre-ville d’Ottawa même s’il leur avait demandé d’être pacifiques. Chris Barber est le premier manifestant à donner sa version des faits à la Commission sur l’état d’urgence.

Il s’est dit étonné et ému par l’ampleur du mouvement que lui, Brigitte Belton et Tamara Lich ont lancé sur les réseaux sociaux. Chris Barber s’opposait à l’obligation vaccinale imposée par le gouvernement fédéral aux camionneurs qui devaient traverser la frontière canado-américaine. Leur manifestation visait d’abord et avant tout à faire tomber cette politique.

Il a tenté de prendre ses distances de Canada Unity, un groupe qui voulait renverser le gouvernement avec l’aide de la gouverneure générale et du président du Sénat. Il a également reconnu que les organisateurs du « convoi de la liberté » voulaient que Patrick King, l’une des figures de proue du mouvement, quitte Ottawa à cause de ses propos violents. Des vidéos où M. King disait que le premier ministre Justin Trudeau « allait recevoir une balle » et que « la seule façon de régler la situation était avec des balles » faisaient alors les manchettes.

« Je sais qu’il a des problèmes. J’ai des squelettes dans mon placard aussi », a-t-il reconnu avoir écrit à Tamara Lich. Il a reconnu avoir lui-même été un agitateur de l’internet et avoir publié du contenu raciste et contre les musulmans dont il est aujourd’hui peu fier.

« Durant le convoi, j’étais une personne différente », a-t-il affirmé. Le fait de rencontrer des gens de toutes les origines, de pleurer et rire avec eux l’a changé. « Ça m’a rendu humble et ça m’a fait réaliser que mes publications étaient désagréables et qu’il y avait une meilleure façon de le faire. »

L’avocat du gouvernement fédéral lui a présenté plusieurs infolettres envoyées quotidiennement par les organisateurs du convoi aux camionneurs où la vice-première ministre Chrystia Freeland était présentée comme faisant partie des têtes dirigeantes de « l’élite mondialiste » du Forum économique mondial, une théorie du complot.

Il lui a ensuite présenté une menace de mort reçue par Mme Freeland où le signataire affirme avoir déclaré la guerre au gouvernement fédéral et lui a demandé s’il savait que le même jour, la Police provinciale de l’Ontario avait arrêté une personne à Ottawa avec une armure et des couteaux. « Quand vous allumez un incendie, les flammes peuvent être hors de contrôle ? », lui a-t-il demandé ?

« C’est la raison pour laquelle j’étais beaucoup sur le terrain », a répondu Chris Barber en ajoutant que ce genre de lettre envoyée à la vice-première ministre était la dernière chose qu’il voulait. Il a ensuite reconnu que les autres manifestants ne l’écoutaient pas toujours.

Chris Barber faisait le lien entre la police d’Ottawa et les camionneurs stationnés un peu partout dans les rues du centre-ville. Il aidait à négocier avec eux pour qu’ils dégagent des voies de passages pour les véhicules d’urgence. Il a toutefois eu peu de succès à l’angle des rues Rideau et Sussex, où était le groupe québécois contre les mesures sanitaires, les Farfadaas. Leur leader Steeve Charland doit témoigner à la Commission mardi.

À son avis, le « convoi de la liberté » était dépeint négativement dans les médias, injustement. Il estime que la manifestation n’a pas été dérangeante pour les citoyens d’Ottawa malgré les bruyants klaxons. Il trouvait leur son énervant, mais pour lui, il s’agissait d’une expression de l’euphorie du moment.

Le « convoi de la liberté » a paralysé le centre-ville de la capitale fédérale du 28 janvier jusqu’à ce qu’une vaste opération policière échelonnée sur trois jours y mette fin entre le 18 et le 20 février, après le recours historique à la Loi sur les mesures d’urgence. L’enquête publique menée par le juge franco-ontarien Paul Rouleau vise à déterminer si les pouvoirs extraordinaires accordés en vertu de cette législation étaient justifiés.