(Ottawa) Le gouvernement Trudeau a ajouté 20 autres responsables et entités iraniens à sa liste de sanctions. Il mentionne qu’Ottawa interdira l’entrée à des milliers de responsables du régime d’ici quelques semaines.

« Nous ne nous contentons pas de faire de la rhétorique fantaisiste. C’est concret, c’est tangible », a déclaré le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino.

Vendredi dernier, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé que le Canada interdirait à jamais plus de 10 000 membres du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) d’entrer au Canada et dépenserait 76 millions de dollars pour mieux appliquer les sanctions.

Le fédéral a fourni jeudi plus de détails sur le fonctionnement de ces sanctions, en plus de confirmer l’interdiction à 17 autres personnes et trois entités d’entrer au pays ou de faire affaire avec la plupart des entreprises canadiennes.

L’application des sanctions entraîne l’ajout de 30 nouveaux membres et fonctionnaires de la Gendarmerie royale du Canada d’ici quelques semaines, a annoncé M. Mendicino.

Il a également promis un moyen pour le public de signaler les déplacements des responsables du régime iranien au Canada.

Pour sa part, le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, a indiqué que des milliers de personnes seraient exclues du Canada sur la base de renseignements mentionnant s’ils avaient fait partie des hauts gradés des Gardiens de la révolution.

Cela est similaire aux restrictions utilisées contre les régimes qui ont commis des crimes de guerre ou un génocide, comme en Bosnie et au Rwanda.

« Les personnes qui répondent à la définition d’être arrêtées en raison de leur lien avec le régime deviendront en fait inadmissibles au Canada, que leur nom spécifique soit sur une liste ou non », a-t-il déclaré.

M. Fraser a ajouté que cela s’applique généralement aux proches de ces personnes, à moins qu’elles ne voyagent seules.

Cette décision faisait suite aux pressions croissantes exercées par les conservateurs et les membres de la diaspora iranienne au Canada pour inscrire le Corps des gardiens de la révolution islamique comme groupe terroriste.

Le ministre de la Justice, David Lametti, estime que cela punirait les Iraniens qui s’opposaient au régime, qui avaient été enrôlés dans le CGRI et avaient servi dans des rôles non combattants.

« Les dispositions sur l’inscription des terroristes du Code criminel sont un instrument brutal. Parfois, elles ne nous donnent pas la précision dont nous avons besoin pour cibler vraiment les mauvais acteurs, sans attraper également des innocents », a-t-il fait valoir.

« Je suis ici pour vous dire que la voie que nous avons choisie est meilleure. »

Le député conservateur Garnett Genuis a déclaré que c’était une excuse, étant donné que les libéraux ont aidé à adopter une motion de la Chambre des communes en 2018 pour inscrire le CGRI comme un groupe terroriste. Selon lui, les libéraux tentent « de détourner l’attention de leur échec à tenir cette promesse fondamentale ».

Quoi qu’il en soit, le ministre Mendicino a affirmé que le Canada essaie toujours de déterminer combien de personnes dans le pays ont fait partie des gardiens de la révolution, à la fois celles qui ont été enrôlées dans les rangs inférieurs et celles qui ont occupé des postes de direction.

Il n’a pas non plus dit si l’interdiction de voyager s’applique aux hauts dirigeants du CGRI depuis sa fondation en 1979.

« Nous mettons l’argent et les ressources en place pour nous assurer que ces sanctions peuvent être mises en œuvre, afin que nous puissions tenir les responsables, et en même temps défendre les droits de l’homme ici et dans le monde. »

Entre-temps, les nouvelles sanctions dévoilées par la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, s’appliquent aux responsables iraniens qui ont commis ou permis des violations des droits humains contre les femmes.

La liste comprend Mohammad Javad Zarif, le récent ministre iranien des Affaires étrangères de longue date. On y trouve aussi Saeed Mortazavi, le procureur qui a ordonné la torture de Zahra Kazemi, une photojournaliste décédée en détention à Téhéran en 2003.

Dix ans plus tôt, Mme Kazemi avait obtenu la citoyenneté canadienne et s’était installée au Québec.

Elle avait été arrêtée quelques semaines avant l’annonce de sa mort alors qu’elle prenait des photographies d’une manifestation qui se déroulait devant une prison de la capitale iranienne.

En entrevue à Séoul, en Corée du Sud, Mme Joly a déclaré qu’il était particulièrement important d’inscrire Mortazavi.

« Mon message au régime iranien est que nous n’avons pas oublié et que nous n’oublierons jamais, et c’est pourquoi nous imposons ces nouvelles sanctions », a soutenu la ministre.