(Ottawa) Pierre Poilievre nomme dans son « cabinet fantôme » deux de ses adversaires dans la récente course à la direction du Parti conservateur du Canada. Et plusieurs députés québécois qui avaient appuyé Jean Charest.

Les députés ontariens Scott Aitchison et Leslyn Lewis font ainsi partie du groupe des 51 députés conservateurs choisis par le chef comme porte-parole pour talonner aux Communes les ministres du gouvernement libéral.

M. Poilievre a également fait appel à d’autres députés pour servir de « porte-parole associés », ce qui signifie qu’il a confié des rôles à 71 des 117 autres députés conservateurs.

M. Aitchison, qui a terminé dernier dans la récente course à la direction, sera porte-parole de l’opposition officielle en matière de logement, tandis que Mme Lewis sera porte-parole en matière d’infrastructures.

De nombreux membres du parti avaient hâte de voir si M. Poilievre nommerait Mme Lewis dans son cabinet fantôme, elle qui est une « conservatrice sociale » populaire auprès de la base du parti et des partisans antiavortement. Pendant la course à la chefferie, elle était arrivée troisième, loin derrière M. Poilievre. Elle avait notamment manifesté son opposition au Forum économique mondial – une organisation qui a fait l’objet de nombreuses théories du complot pendant la pandémie de COVID-19.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Leslyn Lewis

Le député albertain Jasraj Singh Hallan sera quant à lui porte-parole conservateur en matière de finances, fonctions assumées par M. Poilievre avant qu’il ne soit élu chef du parti en septembre.

Le député québécois Gérard Deltell sera porte-parole en matière d’environnement, son collègue Joël Godin sera aux langues officielles, et Richard Martel aux sports et à l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec. Quatre autres députés conservateurs du Québec sont nommés « porte-parole associés » : Bernard Généreux, Richard Lehoux, Jacques Gourde et même Dominique Vien, qui avait été coprésidente de la campagne de Jean Charest au Québec.

Les deux autres Québécois du caucus de neuf conservateurs occupent déjà des fonctions au sein du parti : Luc Berthold a été nommé leader adjoint en Chambre et Pierre-Paul Hus lieutenant du chef au Québec.

Par contre, des députés bien connus qui avaient appuyé d’autres candidats que M. Poilievre pendant la course à la chefferie n’ont pas été retenus pour faire partie du « cabinet fantôme ». Ainsi, le vétéran député de la Colombie-Britannique Ed Fast, qui avait aussi appuyé Jean Charest, et la députée de l’Alberta Michelle Rempel Garner, qui avait soutenu Patrick Brown, sont absents de la liste.

Une porte-parole du bureau de Mme Rempel Garner a indiqué que la députée était « fière de faire partie d’un parti qui se bat pour faire baisser le coût de la vie des Canadiens et a hâte de soutenir ses collègues dans leurs mandats ».

« Il n’y a pas de place pour l’ego dans la fonction publique, seulement le travail acharné, et c’est ce que Michelle a l’intention de faire », a écrit Jillian Montalbetti, sa directrice des communications.

Le prédécesseur de M. Poilievre à la tête du parti, Erin O’Toole, qui est toujours député, n’a pas non plus été retenu. Mais M. O’Toole a récemment déclaré au National Post qu’il avait demandé à M. Poilievre de ne pas lui confier un rôle de porte-parole.

M. Poilievre a par ailleurs choisi la députée ontarienne Marilyn Gladu pour être la porte-parole en matière de libertés civiles. Mme Gladu faisait partie des nombreux députés conservateurs qui se sont prononcés contre les mesures sanitaires fédérales, presque toutes levées maintenant.