(Ottawa) Même si les négociations ne sont toujours pas terminées, le gouvernement Trudeau met de côté la somme de 40 milliards de dollars dans le but d’indemniser les enfants autochtones qui ont été retirés de leur foyer après 2006 et qui ont été placés dans un système de protection de la famille sous-financé de manière chronique par Ottawa.

Cette importante somme, qui sera inscrite dans la mise à jour économique et financière que présentera ce mardi la ministre des Finances, Chrystia Freeland, doit aussi permettre de jeter les bases d’une réforme des services à l’enfance dans les communautés autochtones aux quatre coins du pays.

Geste rarissime, le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, a confirmé cette décision du gouvernement Trudeau en fin de journée lundi, soit 24 heures avant le dévoilement de la mise à jour économique de la ministre Freeland.

Au terme d’une longue bataille juridique, le Tribunal canadien des droits de la personne a ordonné en 2019 au gouvernement fédéral de verser une compensation de 40 000 $ à environ 54 000 enfants et leurs proches. Le gouvernement fédéral a porté cette décision en appel, mais la Cour fédérale a entériné les ordonnances du Tribunal canadien des droits de la personne à la fin de septembre. Des négociations pour trouver une entente à l’amiable ont été entreprises à la fin d’octobre à la suite de la décision de la Cour fédérale.

Qu’Ottawa ait décidé de réserver 40 milliards de dollars dans la mise à jour économique ne signifie toutefois pas qu’un accord a été conclu avec les défenseurs de la protection de l’enfance et les communautés autochtones.

Les parties ont jusqu’à la fin de décembre pour parvenir à un accord sur cette affaire. L’ancien sénateur autochtone Murray Sinclair, qui a présidé la Commission de vérité et réconciliation, chapeaute les négociations.

« De notre devoir »

Dans une déclaration écrite, le ministre Marc Miller et la ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, ont soutenu qu’il « est de notre devoir et de notre responsabilité collective de mettre fin à la discrimination à l’égard des peuples autochtones. Cela signifie qu’il faut réparer les torts du passé et mettre fin aux pratiques discriminatoires encore en vigueur aujourd’hui ».

Ils ont fait valoir qu’une somme d’argent, aussi importante soit-elle, ne peut réparer les torts et les préjudices subis par les enfants des Premières Nations au fil des années.

Nous avons été très clairs tout au long de ces négociations historiques : nous indemniserons les personnes lésées par les pratiques de financement discriminatoires du gouvernement fédéral et nous jetterons les bases d’un avenir équitable et meilleur pour les enfants des Premières Nations, leurs familles et leurs communautés.

Extrait de la déclaration écrite des ministres Marc Miller et Patty Hajdu

« Les injustices historiques exigent des réparations historiques. La mise à jour économique et financière montrera que le gouvernement du Canada prévoit consacrer 40 milliards de dollars pour offrir une compensation et engager les fonds nécessaires à la mise en œuvre d’une réforme à long terme afin que les générations futures d’enfants des Premières Nations ne soient jamais confrontées aux mêmes tragédies systémiques », ont ajouté les ministres.

Ils ont conclu leur déclaration en exprimant le souhait de conclure les négociations en cours d’ici la fin de l’année.