(Québec) C’était fin de session parlementaire à Québec vendredi. Il n’en reste plus qu’une avant le déclenchement de la campagne électorale. Et l’approche du scrutin a teinté le bilan des chefs de parti. Compte rendu.

L’écart va se resserrer avec l’opposition, prévoit Legault

Largement en tête dans les sondages, le premier ministre François Legault s’attend à perdre de son avance sur les partis de l’opposition. « Je pense que ça va se resserrer dans les prochains mois », a-t-il soutenu, cherchant à tempérer les attentes. Il dit préférer envisager ce scénario, car il ne faut pas être « trop optimiste ». « J’ai assez d’expérience en politique pour savoir que les sondages, ça peut changer rapidement, a-t-il affirmé. Comme je l’ai répété aux députés et aux ministres, il ne faut rien tenir pour acquis, on va avoir une élection en 2022 et il faut garder le cap. »

Durant toute la session, il a maintenu son refus de déclencher une enquête publique indépendante sur la gestion de la pandémie, une demande répétée des partis de l’opposition. « Je continue de prendre ma part de responsabilité dans ce qui s’est passé » dans les CHSLD, a-t-il dit. Près de 4000 personnes y sont mortes en raison de la COVID-19 lors de la première vague, au printemps 2020. Il a rappelé que « tous les spécialistes autour de la table » à Québec s’attendaient à ce que les hôpitaux soient submergés, pas les CHSLD. « Cogner sur la tête des spécialistes qu’on a à la Santé publique en disant “comment ça se fait qu’ils n’ont pas vu venir ça”, écoutez, moi, je ne suis pas prêt à lancer la pierre », a affirmé M. Legault. Lors du dépôt d’un rapport accablant de la protectrice du citoyen, il avait déclaré : « C’est facile de jouer au gérant d’estrade. »

Le premier ministre s’est félicité de la vigueur de la relance économique et du faible taux de chômage. Alors qu’il mettra fin à l’exploration et à l’exploitation des hydrocarbures, il a indiqué qu’il veut « donner le moins possible de compensations » à la vingtaine de sociétés détentrices de licences.

PLQ : « On part en élections »

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Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec

Malgré un automne marqué par des problèmes internes, la cheffe libérale, Dominique Anglade, affirme être parvenue à « boucler la boucle » du virage progressiste et environnemental qu’elle souhaite opérer au sein de sa formation. « Il y a différents jalons qui ont été posés [pendant les derniers mois] et le congrès était important pour aller camper notre message », a-t-elle expliqué en entrevue. « Maintenant, on est rendu à : on part en élections ! » Elle estime donc avoir maintenant les coudées franches pour mener ses troupes vers le prochain scrutin général.

« Je pense que mon leadership est pleinement assumé et on a le Parti libéral prêt à aller en découdre en 2022 », a-t-elle lancé lors de son bilan de session où elle a souligné ce qu’un « gouvernement Anglade » aurait fait de différent pendant la session. La levée de l’urgence sanitaire, la réouverture des services d’urgence, comme à Senneterre, a-t-elle cité. Sa formation aurait mieux « anticipé » la pénurie de main-d’œuvre et la forte inflation. Au sujet de l’expulsion de sa députée Marie Montpetit, en raison d’allégations de harcèlement psychologique, elle ne nie pas que la décision a été « difficile » à prendre, mais dit que « ça fait partie du leadership que tu dois assumer comme cheffe ».

QS se présente comme « l’opposition la plus efficace »

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Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire

Québec solidaire estime avoir démontré cet automne être « l’opposition la plus efficace » et « la vraie alternative » au gouvernement Legault, à moins d’un an des prochaines élections. La dernière session a été marquée par l’entrée en scène de Gabriel Nadeau-Dubois comme chef parlementaire au Salon bleu, ce qui a donné lieu à plusieurs échanges corsés avec le premier ministre. « Ce que j’ai vu dans les dernières semaines, c’est un premier ministre qui perd les pédales quand Québec solidaire le met devant ses contradictions », a lancé M. Nadeau-Dubois, vendredi. « Je pense qu’on dérange François Legault parce que nos priorités sont ses faiblesses », a-t-il ajouté.

Québec solidaire considère avoir permis de faire du troisième lien entre Québec et Lévis « un débat national » en « démasquant [cette] gigantesque supercherie » et talonné le gouvernement sur les enjeux du logement social, de l’environnement et de la qualité de vie des familles, notamment. La formation politique sent le vent tourner en sa faveur sur le terrain alors que le « contraste entre les idées de Québec solidaire et la vision de François Legault est de plus en plus clair ». Gabriel Nadeau-Dubois reste lucide et reconnaît que « rien n’est gagné » pour 2022.

PQ : « Exactement là où on veut être »

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Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

Le chef du Parti québécois refuse de se laisser abattre devant les sondages défavorables à sa formation politique et répond, au contraire, que ses troupes « ont un potentiel de croissance très grand » à une année du prochain scrutin. « En fait, on est exactement là où on veut être », a lancé Paul St-Pierre Plamondon, vendredi. Ne siégeant pas à l’Assemblée nationale, il estime que les acteurs péquistes ont su tirer leur épingle du jeu lors de la dernière session, notamment sur l’environnement, avec le dépôt d’un projet de loi sur la transition juste et l’adoption d’un budget carbone, et sur la protection du français.

« Grâce à cette session-ci, on a un positionnement sur plusieurs enjeux qui sont essentiels, fondamentaux pour les Québécois, un positionnement qui est le nôtre, qui est sincère et qui est unique au Parti québécois », a-t-il souligné. M. St-Pierre Plamondon demeure convaincu que sa formation saura séduire les caquistes « déçus du nationalisme » de François Legault et attirer les électeurs qui considèrent que Québec solidaire ne met pas assez de l’avant le projet de l’indépendance. Le chef péquiste laisse toujours planer le suspense sur le choix de la circonscription où il briguera les suffrages en 2022.

« Victoire » pour le PCQ, impact sur la SQ

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Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec

Le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, s’est félicité d’une « importante victoire » en fin de session, alors que la députée Claire Samson a gagné sa bataille pour faire partie du processus de consultation de l’Assemblée nationale en vue de nommer le prochain patron de la Sûreté du Québec. « La CAQ a été obligée de reculer parce qu’ils avaient violé les privilèges de Mme Claire Samson comme parlementaire » en l’excluant des discussions prévues à la loi, a-t-il affirmé. « Il a fallu qu’ils recommencent le processus à zéro. »

La candidate du gouvernement est l’actuelle directrice générale par intérim de la SQ, Johanne Beausoleil. Sa nomination, qui doit recevoir l’appui des deux tiers des députés en Chambre, est repoussée à la reprise des travaux en février. Car Claire Samson « veut prendre le temps de réfléchir » et « vérifier quelques références sur la candidature ». « Si c’était si important que ça pour eux autres, ils auraient fait le processus de façon convenable. J’ai la bonne habitude de traiter les gens aussi respectueusement qu’ils me traitent. Alors, je ne vois pas pourquoi je me ferais un ulcère d’estomac », a lancé l’ex-caquiste au terme de sa première session sous l’enseigne conservatrice.