(Québec) Un an après son dépôt, l’ensemble des 25 recommandations du rapport Le racisme au Québec : tolérance zéro est en chantier, assure le Groupe d’action contre le racisme du gouvernement Legault. Les interpellations policières aléatoires basées sur un motif discriminatoire sont notamment en voie d’être interdite avec le dépôt mercredi du projet de loi 18, ce qui viendra répondre à la toute première recommandation du rapport.

« Pas plus tard qu’hier, notre collègue Geneviève Guilbault a déposé le projet de loi 18 qui est un omnibus en quelque sorte sur la pratique policière, mais qui comporte des articles très importants au niveau de l’encadrement du phénomène des interpellations policières », a exposé jeudi le ministre responsable de la Lutte contre le racisme, Benoit Charette.

« On a rencontré plusieurs groupes et c’est sans doute l’enjeu qui interpelle le plus-sans jeu de mots-les citoyens, donc c’est une avancée majeure dans ce dossier-là », a ajouté M. Charette, qui a présenté jeudi le bilan du Groupe d’action contre le racisme, à l’approche de l’anniversaire du dépôt du rapport Le racisme au Québec : tolérance zéro, en décembre 2020.

Toujours au chapitre des recommandations touchant le travail policier, Québec a rappelé l’annonce récente d’un investissement de 25 millions pour la réforme policière, qui permettra la mise en place de projets pilotes comme la création d’équipes de patrouille mixtes.

Le projet de loi 18 déposé mercredi par la ministre de la Sécurité publique viendra aussi permettre au gouvernement d’exiger de la formation continue sur la discrimination et le profilage racial. « Ce projet de loi va jouer un rôle fondamental parce que c’est bien certain que de changer des mentalités, c’est l’objectif ultime, mais il faut que ce soit balisé, que ce soit encadré », a ajouté M. Charrette.

Selon le groupe, des actions ont été entreprises pour donner suite aux 25 recommandations du rapport, ce qui inclut les 12 recommandations qui touchent le volet autochtone. Le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, avait présenté en septembre le bilan de son plan J’ai espoir, qui vise la mise en œuvre des recommandations de la commission Viens, de l’Enquête nationale sur les femmes autochtones disparues et assassinées au pays et du rapport du groupe sur le racisme, notamment.

Augmenter la diversité dans la fonction publique

Le gouvernement reste à la traîne en matière de représentativité des membres des minorités visibles au sein de la fonction publique québécoise avec un taux de 14 % au 31 mars 2021. C’est une faible progression par rapport à 2018 alors que cette proportion atteignait 11 %. Québec a dans sa ligne de mire un taux de présence des minorités visibles et ethniques de 18 % d’ici mars 2023.

« C’est une progression qui est quand même importante depuis le début de notre mandat », s’est défendu M. Charette. « Ce qu’on a vu c’est que les règles actuelles rendaient plus difficile le recrutement par ministère, par direction pour cibler des besoins et s’assurer d’une diversité. […] On a eu plusieurs rencontres avec les Emplois supérieurs et le Conseil du trésor et il y a réellement un politique qui est en train de se développer pour mettre l’accent sur les difficultés de recrutement », a-t-il assuré.

Le groupe cite le projet de loi 60 qui vient modifier la fonction publique et propose un nouveau processus de dotation des emplois de la fonction publique dès l’hiver 2022.

Québec a rappelé également le déploiement de sa campagne publicitaire contre le racisme, qui a été plutôt critiquée depuis son lancement. « Ce n’est pas parce qu’on met une action en place qu’on la coche immédiatement », a souligné le ministre Charette, expliquant qu’il s’agit d’une campagne sur trois ans. « J’aurais plutôt été inquiet si elle n’avait pas fait réagir ».

Le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, qui est membre du groupe d’action, a présenté l’avancement de son plan J’ai espoir, qui vise la mise en œuvre des recommandations de la commission Viens et de l’Enquête nationale sur les femmes autochtones disparues et assassinées au pays, notamment.

Le Groupe d’action contre le racisme a été créé par le gouvernement Legault en juin 2020 dans la foulée de la mort de l’Américain, George Floyd. Le groupe d’action a déposé un premier rapport il y a un an, en décembre 2020, qui comprenait 25 mesures sur divers fronts comme l’accès au marché de l’emploi, la sécurité publique, le droit au logement et l’éducation.

La création d’un poste de ministre responsable de la lutte contre le racisme était d’ailleurs l’une des recommandations du groupe d’action, qui a été réalisée par la nomination du ministre Benoit Charette, en février dernier.