(Québec) Simon Jolin-Barrette a comparé mercredi son vis-à-vis libéral Marc Tanguay à un « complotiste », alors que ce dernier demandait au Salon bleu un débat sur le renouvellement de l’état d’urgence sanitaire. Interpellé, le président de l’Assemblée nationale, François Paradis, a rabroué le ministre de la Justice, interdisant du même souffle à l’ensemble des députés d’utiliser ce mot dans leurs prochains échanges.

« Ça fait aujourd’hui 607 jours que les Québécois vivent sous un régime politique qui a tous les pouvoirs. […] Quand le gouvernement nous dit [qu’on] est déconnecté de poser des questions là-dessus, je pense que c’est eux qui sont déconnectés. […] Qu’est-ce que la [Coalition avenir Québec] ne veut pas que les Québécois sachent ? », a demandé M. Tanguay.

« La loi permet au Conseil des ministres en situation d’urgence sanitaire de décréter l’urgence sanitaire. Est-ce que le député de LaFontaine nie la pandémie ? Est-ce que le député de LaFontaine, depuis mars 2020, est conscient qu’il y a une pandémie mondiale ? […] Le Québec fait partie de la planète Terre. Est-ce que le député de LaFontaine en est conscient, ou est-ce que le député de LaFontaine nie cette réalité-là ? Est-ce qu’il croit que c’est un complot ? Est-il un complotiste ? », a répliqué M. Jolin-Barrette.

PHOTO ÉRICK LABBÉ, LE SOLEIL

Marc Tanguay

Au terme d’une période de questions houleuse, où le ton a monté plus d’une fois, le député péquiste Pascal Bérubé s’est aussi levé en chambre pour s’excuser et retirer des propos qu’il avait tenus hors micro à l’égard de Danielle McCann. Il avait alors dit à propos de la ministre de l’Enseignement supérieur : « Ce n’est pas votre meilleure ».

« Il s’est excusé et il est venu s’excuser personnellement après. Dans le feu de l’action, parfois, on s’échappe. Mais écoutez, je pense qu’on est là pour vraiment démontrer l’exemple et il faut qu’il y ait vraiment un niveau dans les échanges au Salon bleu entre nous. Je pense que ça a été un écart de sa part. Il s’est excusé et j’ai accepté ses excuses », a affirmé Mme McCann à sa sortie du Salon bleu.

Un débat réclamé depuis le printemps

Les libéraux, à l’instar des autres partis d’opposition, réclament que l’état d’urgence sanitaire soit levé, alors qu’il permet au gouvernement d’avoir des pouvoirs extraordinaires sans consulter l’Assemblée nationale grâce à la Loi sur la santé publique. Selon la cheffe libérale Dominique Anglade, renouveler sans cesse par décret l’urgence sanitaire ne permet plus une saine reddition de compte.

« Il n’y a aucune nécessité pour qu’on vive actuellement dans cette situation-là. Les gens vont à l’école, les entreprises ont ouvert, on peut faire du karaoké. Il n’y a aucune raison pour laquelle […] il y a clairement un déni de démocratie avec le système actuel », a-t-elle déclaré mercredi.

Plus tôt cet automne, le chef parlementaire du Parti québécois, Joël Arseneau, a lui aussi accusé le gouvernement d’être grisé par le pouvoir et l’a exhorté à mettre fin à l’état d’urgence sanitaire. Québec solidaire a proposé en juin dernier l’adoption d’une loi transitoire pour mettre fin aux renouvellements par décret de l’état d’urgence sanitaire.

En octobre dernier, le premier ministre François Legault a affirmé qu’il lèverait l’état d’urgence sanitaire après la campagne de vaccination des enfants de 5 à 11 ans, au début de 2022. Cela signifiera aussi « la fin de la majorité des mesures » sanitaires imposées aux Québécois, avait-il dit.