Les procédures judiciaires intentées mercredi par le Parti vert du Canada contre sa cheffe Annamie Paul pour invalider l’annulation d’un vote de défiance sont l’œuvre d'« un très petit groupe minoritaire », a plaidé jeudi la principale intéressée, appelant à « l’unité ».

« Ce n’est pas le parti qui le conteste. Ç'a été annoncé par un très petit groupe minoritaire. Je ne veux pas entrer dans les détails, mais comme j’ai dit : il y a un groupe, ils sont en train de sortir de notre conseil et leur mandat se termine en août », a réagi Mme Paul lors d’une conférence de presse en marge de l’inauguration de son nouveau bureau de circonscription, au cœur de Toronto-Centre.

La femme de 48 ans assure qu’elle ne souhaite pas se « disputer avec personne ». « Je ne le cherche pas. Il n’y a pas de combats internes, c’est vraiment une attaque unilatérale qui concentre l’attention là où elle ne devrait pas être. Je cherche ce que j’ai toujours voulu, c’est-à-dire l’unité », a-t-elle insisté, en soulignant que l’intérêt de ses concitoyens « n’est pas dans les enjeux internes [du] parti », mais bien « dans les défis devant nous », dont celui de la crise climatique.

Nos membres, nos bénévoles, nos candidats méritent de la certitude. C’est mon travail de leur offrir. C’est ce que je suis en train de faire. Je demande à tout le monde [de faire preuve d’un peu] de patience et de regarder vers l’avenir de notre parti.

Annamie Paul, cheffe du Parti vert du Canada

Parlant d’une « grande transition » à « opérer », la politicienne réagissait ainsi à une missive envoyée aux membres du Parti vert mercredi, les informant que « le Parti vert du Canada et le Fonds du Parti vert du Canada ont déposé une demande auprès de la Cour supérieure de justice de l’Ontario » concernant « certaines procédures internes du Conseil fédéral et du directeur général liées à la cheffe du parti ».

Mme Paul n’a pas indiqué si elle comptait se défendre devant les tribunaux, mais a laissé entendre qu’il en allait du « choix personnel » des personnes concernées de poursuivre ou non leurs démarches devant la Cour. L’avis de demande déposé mercredi soutient que l’arbitre a outrepassé ses pouvoirs et « erré en droit » en exigeant des dirigeants de la formation qu’ils annulent leur vote de défiance contre Mme Paul, lundi dernier.

Les documents indiquent aussi que le contrat de travail de la cheffe avait été conclu avec le Fonds du Parti vert, une entité juridique distincte qui contrôle les cordons de la bourse de la formation, plutôt qu’avec le parti lui-même, dont le Conseil fédéral a reçu l’ordre d’annuler les démarches pour destituer la cheffe. « En tant qu’association sans personnalité morale, le Parti n’a pas la capacité juridique de conclure un contrat de travail financier », lit-on dans l’avis de demande.

Gagner des sièges au Québec

Au-delà des affaires internes de son parti, Annamie Paul n’a pas caché jeudi qu’elle « cherch[ait] à gagner des sièges au Québec ». « La province du Québec est énormément progressiste, et elle a démontré plusieurs fois que le climat est l’une de ses priorités. Je note [que mercredi], le gouvernement québécois a décidé d’annuler le projet GNL Québec, ce qui est une excellente nouvelle », a-t-elle déclaré en réponse aux questions à ce sujet.

« On cherche à gagner des sièges au Québec. Notre politique progressiste correspond aux vœux et aux besoins des Québécois. Nos ambitions pour le climat sont alignées avec leurs ambitions », a-t-elle insisté, en promettant au passage de passer du temps à Montréal et dans le reste de la province pendant la campagne fédérale. « On cherche les votes partout. »

À Toronto-Centre, où elle se présentera et où elle a grandi, la cheffe du Parti vert entend se concentrer « sur les enjeux importants pour la population », dont le manque de logement abordable, la crise des opioïdes, le taux élevé de pauvreté dans les ménages ainsi que les droits des communautés autochtones.