(Ottawa) Jagmeet Singh pourrait avoir des raisons de sourire quelques semaines seulement avant un éventuel déclenchement d’élections fédérales : un nouveau sondage suggère que les Canadiens pensent que le chef néo-démocrate ferait un meilleur premier ministre que le conservateur Erin O’Toole.

Dans ce sondage Léger mené pour l’Association d’études canadiennes, 25 % des répondants ont choisi Justin Trudeau comme « meilleur premier ministre ». Le chef néo-démocrate n’arrive pas très loin derrière, à 19 %, alors que 13 % ont choisi le chef conservateur.

Le sondage a également révélé une augmentation de trois points des appuis au Nouveau Parti démocratique (NPD) chez les « électeurs décidés », qui sont par ailleurs restés en grande partie fidèles aux libéraux et aux conservateurs.

À l’échelle du pays, 34 % des « répondants décidés » ont indiqué qu’ils appuient les libéraux, comparativement à 29 % pour les conservateurs et 22 % pour le NPD. Le Parti vert recueille 4 % des intentions de vote et le Parti populaire de Maxime Bernier 3 % — 7 % en Alberta et 5 % dans les provinces de l’Atlantique, mais 2 % au Québec.

Au Québec, les libéraux maintiennent leur score national, à 34 %, mais ils sont talonnés par le Bloc québécois, à 30 % des intentions de vote des « électeurs décidés ». Les conservateurs et les néo-démocrates sont au coude à coude, respectivement à 14 % et 13 %.

Le sondage a été mené en ligne du 16 au 18 juillet auprès de 2069 Canadiens. Les experts en recherche et en méthodologie estiment qu’il est impossible d’attribuer une marge d’erreur à un sondage réalisé en ligne, puisque la méthode d’échantillonnage est non probabiliste.

Le sondage révèle par ailleurs que 56 % des répondants canadiens ont déjà fait leur choix, et 24 % sont indécis (21 % ne savent pas). Au Québec, 50 % des répondants ont déjà décidé pour qui ils voteraient, mais 45 % se disent indécis.

Plafond de verre des conservateurs ?

Ce sondage pourrait représenter une mauvaise nouvelle pour M. O’Toole et les conservateurs, qui continuent de se heurter à ce que le vice-président de Léger, Christian Bourque, décrit comme un « plafond de verre de 30 % » avec ce chef à la barre.

L’avancée des néo-démocrates pourrait également signifier que les chances de M. Trudeau de former un gouvernement libéral majoritaire se réduisent — les gains néo-démocrates se font traditionnellement dans les plates-bandes libérales, du moins à l’extérieur du Québec.

M. Bourque met toutefois en garde contre une surestimation de la façon dont la hausse apparente du soutien au NPD se jouera le soir des élections : les résultats nationaux ne se traduisent pas nécessairement par des sièges supplémentaires aux Communes.

« Le NPD pourrait se retrouver avec 20 % des voix (au Canada) mais 10 sièges, ou bien 30 », estime le sondeur dans un courriel. « Cela dépendra énormément du talent de M. Singh et du vote stratégique — plus les conservateurs représenteront une menace (pour l’électorat progressiste), plus les libéraux vont ronger les appuis du NPD en Ontario, au Québec et peut-être au Manitoba. »

M. Bourque estime que s’il veut avoir une chance de former cette fois un gouvernement majoritaire, le moment est venu pour M. Trudeau de déclencher des élections et d’essayer de profiter du soutien populaire pour la façon dont les libéraux ont géré la pandémie de COVID-19.

Le sondage suggère d’ailleurs que 55 % des répondants pensent que M. Trudeau a bien ou très bien géré la pandémie — c’est là qu’il récolte les meilleurs scores. Au Québec, 58 % sont satisfaits de sa performance à ce chapitre ; ce taux atteint 72 % dans l’Atlantique.

« Pour les stratèges libéraux, ce n’est peut-être pas la fenêtre optimale pour déclencher des élections, mais ça restera probablement la moins mauvaise dans un proche avenir, estime M. Bourque. Les libéraux ont besoin de gruger le soutien du NPD et des verts, mais aussi du Bloc québécois. C’est pourquoi ils doivent surfer sur leur bilan COVID-19 – et leur bilan général. »