(Québec) Sonia LeBel avait le choix et elle a choisi de jouer un rôle de soutien dans l’affaire Fitzgibbon, ont dénoncé mercredi le Parti libéral du Québec (PLQ) et Québec solidaire (QS).

Ils ont écorché la présidente du Conseil du trésor, qui encore une fois, selon eux, accepte de servir de caution morale au gouvernement Legault.

Mme LeBel a récemment hérité des dossiers reliés aux entreprises ImmerVision et White Star Capital Canada, associées au ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.

Ce dernier a toujours refusé de se départir d’actions dans ces deux entreprises hors Bourse transigeant avec le gouvernement, même après avoir été blâmé par la commissaire à l’éthique.

L’arrivée de Mme LeBel dans ce dossier ne change rien à la situation financière du ministre Fitzgibbon, car elle n’aura pas le pouvoir de vendre les actions controversées, qui ne lui appartiennent pas.

Tout au plus, elle servira de caution éthique au gouvernement, de complice au ministre Fitzgibbon pour contourner les avis de la commissaire, ont décrié mercredi les partis d’opposition.

Le leader parlementaire du PLQ, André Fortin, a mis Sonia LeBel au défi de « se tenir à un micro comme celui-là et dire si elle est confortable avec ça ».

« Moi, j’aurais un enjeu », a-t-il ajouté.

C’est plutôt par texto que son cabinet a répondu, mercredi. « Un mur de Chine a été établi pour garantir que le ministre ne serait pas impliqué dans des décisions […] qui pourraient concerner les entreprises. »

Selon l’attaché de presse de la ministre LeBel, Florent Tanlet, il est aussi « important de noter qu’aucune de ces deux entreprises n’a fait de demande de « marché » avec le gouvernement ».

Grossier stratagème

Mais pour le député Vincent Marissal, de QS, la ministre fait maintenant partie d’un « stratagème grossier pour réécrire […] le code d’éthique et surtout pour passer par-dessus l’autorité de la commissaire ».

QS demande à la commissaire de lancer une nouvelle enquête sur M. Fitzgibbon, afin de déterminer s’il s’est conformé au code d’éthique, car rien n’indique, selon lui, que le ministre ait régularisé sa situation.

« Le gouvernement a essayé de nous en passer une p’tite vite pendant la pause parlementaire en nommant un chaperon à Pierre Fitzgibbon », a dénoncé M. Marissal en point de presse.

« Je m’étonne […] que […] Sonia LeBel accepte un tel rôle de soutien dans un si mauvais scénario, a-t-il poursuivi. Je m’attends à ce que Mme LeBel, […] juriste, respecte les institutions. »

Au printemps dernier, à la surprise générale, Mme LeBel, l’ex-procureure en chef de la commission Charbonneau, avait avalisé le projet de loi 61 sur l’accélération de projets d’infrastructure.

Ce projet de loi créait pourtant « des conditions extrêmement favorables à l’émergence de corruption et de collusion », soulignait le Comité public de suivi des recommandations de la commission Charbonneau.

Le gouvernement avait fini par abandonner le projet de loi 61, pour le réécrire en projet de loi 66 sous Mme LeBel et le faire adopter en décembre dernier.