(Ottawa) Les principaux partis politiques nationaux misent de plus en plus sur les réseaux sociaux et les sites internet des médias numériques pour leurs publicités électorales, qui demeurent réservées surtout à la télévision.

Les premiers rapports de dépenses de la campagne fédérale de 2019 viennent d’être publiés auprès d’Élections Canada. Ils montrent que les conservateurs ont dépassé les libéraux dans leurs dépenses de campagne, alors que les néo-démocrates, en difficulté financière, tirent de l’arrière. Les rapports des autres partis sont attendus bientôt.

On apprend déjà que c’est la campagne conservatrice qui a coûté le plus cher, avec des dépenses totales de 28,9 millions, soit presque la limite de 29,1 millions fixée par Élections Canada. Ce montant couvre toutes sortes de dépenses de campagne, de la publicité aux sondages en passant par la tournée du chef, les services professionnels et les salaires. En 2011 et 2015, c’étaient les libéraux qui avaient dépensé le plus : l’an dernier, leurs dépenses ont totalisé 26,2 millions. Le Nouveau Parti démocratique (NPD), qui a eu du mal à recueillir des fonds au cours des dernières années, n’a dépensé qu’un tiers de la limite permise, soit 10,3 millions.

Les libéraux et les conservateurs ont consacré plus de la moitié de leur budget de campagne à la publicité – 53 % et 55 % respectivement ; le NPD y a consacré 38 %. Et c’est la publicité télévisée qui a encore englouti le plus d’argent, mais la publicité en ligne était clairement le deuxième choix des trois partis. Ils ont ainsi acheté des publicités sur des plateformes de médias sociaux comme Facebook et Twitter, ainsi que des annonces à diffuser sur des sites de médias numériques.

La part du lion pour la télé

Les conservateurs ont dépensé plus de 9,3 millions pour des publicités télévisées et près de la moitié, 4,6 millions, en ligne. Les libéraux ont dépensé 5,2 millions à la télévision et 3,8 millions en ligne, tandis que le NPD a consacré 1,9 million à la télévision et 1,3 million en ligne.

Les publicités télévisées représentaient le plus gros poste budgétaire pour les conservateurs, avec près d’un tiers de leur facture totale, tandis que les dépenses les plus importantes des libéraux étaient pour la tournée du chef, qui représentait le quart de leurs dépenses totales.

Fait à noter : les conservateurs n’ont absolument rien dépensé en publicité dans les médias imprimés, alors que les libéraux n’y ont consacré que 197 000 $ et le NPD un peu plus de 71 000 $.

Bien que la campagne de 2019 ait duré 40 jours, comparativement à 76 jours en 2015, les libéraux ont dépensé à peu près le même montant pour la tournée du chef – un peu plus de 7 millions en 2015 et 6,7 millions en 2019. Le Parti libéral a été le seul à avoir affrété deux avions, l’un pour transporter Justin Trudeau, son personnel de tournée et les médias (toujours à leurs frais), et l’autre pour transporter à l’avance l’équipement de campagne.

La tournée du chef a également représenté la dépense la plus élevée pour le NPD, à 2,1 millions, soit environ 20 % des dépenses totales. La tournée de Jagmeet Singh a été considérablement réduite en raison des ennuis financiers du parti. Le chef a passé plus de temps dans les autocars et moins de temps dans les avions que ses prédécesseurs, et beaucoup moins que M. Trudeau ou que le chef conservateur, Andrew Scheer.

Les conservateurs ont par ailleurs consacré beaucoup moins d’argent aux sondages que lors de la précédente campagne. En 2015, le parti y avait consacré 12 % de ses dépenses, mais ce chiffre est tombé à 3 % l’an dernier, soit à peu près la même proportion que chez les libéraux et les néo-démocrates.