(Québec) Levée de rideau avantageuse pour le gouvernement Legault : l’étude du controversé projet de loi 21 débutera mardi avec cinq groupes de sympathisants de son concept de laïcité.

Le gouvernement caquiste a déposé le 28 mars dernier ce projet de loi, qui vise à interdire le port de signes religieux à certaines catégories d’employés de l’État, dont les enseignants, et à assurer que les services publics soient donnés et reçus à visage découvert.

Il s’agit d’une quatrième tentative dans la province pour baliser le port de signes religieux, après le projet de loi 94 du gouvernement Charest, la Charte des valeurs du Parti québécois et la loi 62 du gouvernement Couillard, qui a été contestée devant les tribunaux.

Diane Guilbault, présidente de l’organisme Pour les droits des femmes du Québec, qui compte 600 membres, sera la première à prendre la parole mardi matin, après le ministre Simon Jolin-Barrette et les porte-parole des oppositions. Elle demandera au gouvernement de renforcer sa pièce législative.

« Ça ne va pas très loin, selon nous, a-t-elle déclaré en entrevue téléphonique. L’école, c’est le creuset de la société de demain. Nous, on pense que c’est l’ensemble du personnel scolaire qui doit être visé, y compris les éducatrices dans les services de garde, la direction d’école, les orthopédagogues. Il faut être logique. »

Les écoles privées devront aussi éventuellement être assujetties à la loi sur la laïcité, croit-elle.

Son organisme présentera 16 recommandations, qui n’appellent pas toutes à modifier le projet de loi, mais qui sont « des ajouts qui pourraient conforter, renforcer le droit à l’égalité des femmes ». Par exemple, il recommandera de transformer le cours d’éthique et culture religieuse, afin de le vider de son contenu sur les religions, qui « va complètement à l’encontre de l’esprit de la loi sur la laïcité ».

« On ne peut pas promouvoir d’un côté la laïcité de l’État, et dans le système scolaire de l’État, faire semblant que la laïcité, c’est du racisme », a renchéri Mme Guilbault.

Sa présentation mardi sera suivie de celle de Djemila Benhabib, de Louise Mailloux, du Mouvement national des Québécoises et Québécois ainsi que de l’Association québécoise des Nord-Africains pour la laïcité. En fin de journée, la Commission des institutions entendra le philosophe Charles Taylor, Jocelyn Maclure, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, ainsi que le Centre consultatif des relations juives et israéliennes.

Au total, 36 groupes présenteront un mémoire devant la commission, du 7 au 16 mai. Plusieurs groupes se sont retirés du processus, en déclinant l’invitation des parlementaires, dont le Barreau du Québec et quatre associations représentant les forces de l’ordre.

Lundi, à la veille du début des travaux, une dizaine de groupes en faveur du projet de loi tiendront une conférence de presse pour expliquer leur position au Centre St-Pierre, rue Panet, à Montréal.