Le nombre de demandeurs d'asile ayant franchi illégalement la frontière canadienne a diminué en juin, pour atteindre son niveau le plus bas depuis un an, a annoncé vendredi le ministère de l'Immigration.

Le nombre de personnes ayant franchi de façon irrégulière la frontière entre les États-Unis et le Canada a totalisé 1263 personnes en juin, le chiffre le plus bas depuis juin 2017.

Cela représente une diminution par rapport au mois de mai et une baisse de plus de 50% par rapport aux 2560 personnes interceptées en avril après être entrées au Canada de façon irrégulière.

Ces migrants arrivent majoritairement à pied par un chemin situé à environ 70km au sud de Montréal, où ils sont interceptés par la police canadienne et autorisés à présenter une demande d'asile.

S'ils se présentaient à un poste-frontière, ils seraient renvoyés aux États-Unis, en vertu de l'accord sur les tiers pays sûrs, prévoyant que les demandeurs d'asile doivent présenter leur demande dans le premier pays où ils sont arrivés.

L'afflux de demandeurs d'asile en situation irrégulière en provenance des États-Unis avait commencé après l'élection en 2016 de Donald Trump à la présidence américaine et sa promesse d'expulser des millions de sans-papiers et avec l'annonce de la suppression des statuts spéciaux, dont bénéficiaient notamment des Haïtiens aux États-Unis.

Les demandes d'asile sont passées en moyenne de 83 par jour en avril de cette année, à 57 en mai et 39 en juin, précisent les services de l'immigration. «Nous continuons à surveiller la situation et demeurons prêts à gérer tout afflux éventuel», a souligné le ministère dans un communiqué.

Les autorités canadiennes entendent en outre poursuivre leur campagne de sensibilisation pour «corriger les fausses informations» selon lesquelles il serait aisé d'obtenir le droit d'asile au Canada.

«Notre priorité est avant tout de protéger la santé et la sécurité des Canadiens. On n'entre pas comme on veut au Canada. C'est le message que nous avons largement diffusé ici et à l'étranger, ce qui a donné des résultats concrets», a assuré le ministre de l'Immigration Ahmed Hussen.

Demandeurs d'asile: échange houleux entre Ottawa et l'Ontario

 La ministre ontarienne responsable de l'immigration a réclamé des excuses, vendredi, de la part du ministre fédéral de l'Immigration, Ahmed Hussen, pour avoir dit que l'Ontario incitait la population à craindre les demandeurs d'asile.

Lisa MacLeod a déclaré que M. Hussen devrait s'asseoir et prendre une bonne tasse de thé, se calmer un peu et peut-être lui téléphoner pour s'excuser de l'avoir traitée «d'anti-canadienne».

Le ministre fédéral ainsi que ses homologues provinciaux et territoriaux étaient réunis à Winnipeg, vendredi, afin de discuter des enjeux liés à l'immigration lorsque M. Hussen s'est fait poser une question au sujet de la requête du premier ministre ontarien, Doug Ford, qui demande à Ottawa de débourser des millions de dollars pour subvenir aux besoins des demandeurs d'asile.

M. Ford a reproché au gouvernement fédéral de laisser les gens traverser la frontière et a soutenu que les demandeurs d'asile avaient provoqué une crise du logement dans sa province.

Ahmed Hussen a affirmé que le message du nouveau premier ontarien était irresponsable, source de division et de peur, non canadien et très dangereux.

Il a ajouté que l'Ontario avait volontairement choisi le langage de la peur dans le but de criminaliser les demandeurs d'asile dans l'esprit des Canadiens.

M. Hussen a poursuivi en disant que les problèmes de logement relevaient de la responsabilité du fédéral et des provinces, et que c'était dommage que l'Ontario ait choisi de quitter la table des négociations.

Mme MacLeod a accusé le ministre de l'avoir prise pour cible.

«Sa réponse m'était adressée et visait à m'intimider, a-t-elle assuré. Et je ne me laisserai pas intimider.»

Plus tôt vendredi, Lisa MacLeod était partie de la réunion après un échange houleux avec Ahmed Hussen. Elle n'a pas signé le communiqué commun publié à la suite de la rencontre.

Jeremy Harrison, le ministre de la Saskatchewan responsable de l'immigration, a aussi refusé de signer le communiqué. Dans une déclaration, il a révélé que son gouvernement s'attendait à ce qu'Ottawa règle la facture liée à l'accueil des demandeurs d'asile.

La porte-parole des conservateurs fédéraux en matière d'immigration, Michelle Rempel, a reproché à M. Hussen d'avoir versé dans le dénigrement et l'insulte. Le Parti conservateur du Canada a exigé que le comité des Communes sur la citoyenneté et l'immigration se réunisse d'urgence.

- La Presse canadienne