Le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, ne croit pas que la légalisation du cannabis au Canada causera des maux de tête aux Canadiens lorsqu'ils tenteront de franchir la frontière américaine.

Lors de son témoignage devant un comité du Sénat, lundi, M. Goodale a rappelé qu'il sera toujours illégal pour les Canadiens de transporter du cannabis aux États-Unis, tout comme il sera interdit pour les Américains d'amener cette drogue au Canada.

Puisque rien de cela ne change, alors il n'y a aucune raison pour les Américains de resserrer les contrôles envers les Canadiens qui cherchent à entrer dans leur pays, selon le ministre.

M. Goodale a toutefois reconnu que la consommation de cannabis à des fins récréatives demeurait une infraction criminelle selon la loi fédérale américaine, bien qu'une vingtaine d'États l'aient légalisée ou décriminalisée. Il a aussi concédé que c'était le gouvernement fédéral américain qui contrôlait les règlements sur les frontières.

Il a par ailleurs admis que le gouvernement américain avait le droit souverain de décider qui peut entrer au pays.

Toutefois, il a bon espoir qu'un dialogue continu avec le département de la Sécurité intérieure des États-Unis et les autorités frontalières puisse minimiser la possibilité de conflits.

«Notre message (aux Américains) est que ce ne devrait pas être un problème», a-t-il déclaré au comité sénatorial responsable d'examiner le projet de loi C-45, qui a été présenté par le gouvernement libéral pour légaliser la substance plus tard cette année.

«Cela devient un problème si on en fait un, mais il n'y a aucune raison d'en faire un cas, parce que les règlements sur la frontière n'ont pas changé.»

Les sénateurs conservateurs, qui sont opposés au projet de loi, s'inquiètent du fait que les Canadiens puissent être davantage questionnés et fouillés à la frontière américaine.

Ils ont suggéré au gouvernement canadien de signer un accord écrit avec son homologue américain pour que cela ne se produise pas.

M. Goodale trouve qu'il est plus pratique de continuer à parler aux Américains pour les convaincre qu'il n'y a aucune nécessité de resserrer les contrôles. Il a cependant concédé «qu'il faudrait peut-être être plus tranchant dans (la) façon de s'exprimer».

Selon le sénateur conservateur Jean-Guy Dagenais, les Canadiens dont les vêtements ou la voiture sentiraient le cannabis pourraient se faire questionner davantage par les autorités américaines. Mais il s'agit là d'un problème déjà existant, a plaidé le ministre Goodale.

«La question est: est-ce que ce sera un problème plus important une fois que la loi aura changé?», a-t-il ajouté.

Le ministre a incité les Canadiens à demeurer «très alertes» à l'idée que le cannabis demeurait illégal aux États-Unis, en vertu de la loi fédérale.

«Si vous conduisez vers la frontière américaine et que vous fumez du cannabis dans votre véhicule, vous vous exposez vraiment à une inspection et c'est un comportement très imprudent», a-t-il conclu.