Justin Trudeau ne croit pas que les récentes prises de position canadiennes aux Nations unies dans le dossier israélo-palestinien pourraient plomber la campagne que mène le Canada en vue d'obtenir un siège temporaire au Conseil de sécurité.

«S'il faut compromettre ses valeurs et ses principes pour avoir ce siège-là, ça perd son utilité», a offert le premier ministre en entrevue de début d'année avec le bureau parlementaire de La Presse canadienne.

«On ne va pas se compromettre pour avoir ce siège-là parce que le but, ce n'est pas le siège. Le but, c'est ce qu'on va pouvoir faire avec. (...) C'est un moyen de continuer à avoir un impact positif dans le monde, pour partager nos valeurs, nos principes», a-t-il ajouté.

Deux votes du Canada ont attiré l'attention aux Nations unies dans le dernier droit de 2017: un contre une résolution dénonçant les colonies illégales à Jérusalem-Est, puis une abstention sur celle reprochant à Washington de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël.

Si Ottawa a jugé approprié d'adopter ces deux positions, c'est parce que les manoeuvres politiques déployées par certains États membres dans les instances onusiennes pour mettre Israël au ban ne l'intéressent guère, a soutenu Justin Trudeau.

«Cette idée d'utiliser des votes aux Nations unies pour isoler ou condamner que ce soit Israël ou au sujet d'Israël, ce n'est pas productif dans les relations internationales. Et le Canada évite de prendre parti là-dedans», a-t-il expliqué.

«Nous sommes moins intéressés à rouspéter et à jouer de la politique. Nous sommes plus intéressés à trouver des solutions et à avancer à un niveau substantiel. Et c'est pour ça qu'on fait les choix qu'on fait en termes de vote», a argué Justin Trudeau.

Il a cependant réitéré que l'ambassade canadienne «restera à Tel-Aviv» et que «les actions unilatérales» comme celle du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël et d'y déménager l'ambassade des États-Unis «n'aident pas».

Le vote sur la résolution sur le statut de Jérusalem s'est déroulé dans un contexte politique tendu, le 21 décembre dernier. Les pays membres ont voté après avoir entendu un discours menaçant de l'ambassadrice de Washington aux Nations unies, Nikki Haley.

La résolution a été avalisée par une large majorité: 128 États membres l'ont endossée et neuf ont voté contre (États-Unis, Israël, Guatemala, Honduras, Togo, Micronésie, Nauru, Palaos et îles Marshall). Trente-cinq, incluant le Canada, se sont abstenus, et 21 n'ont pas voté.

Le Canada avait fait bande à part à peine quelques semaines plus tôt en votant avec Israël, les États-Unis, les îles Marshall, Nauru et la Micronésie en défaveur d'une résolution qui se «préoccupait vivement» des colonies illégales israéliennes à Jérusalem-Est.

Cette prise de position va à l'encontre de la politique du gouvernement canadien: en février dernier, la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, avait pris position - bien que timidement - contre une loi israélienne légalisant les colonies juives en territoires occupés.

En décembre dernier, après le vote sur la résolution de Jérusalem, la députée néo-démocrate Hélène Laverdière avait prédit que l'abstention canadienne allait «handicaper la candidature» d'Ottawa pour une place à la table Conseil de sécurité.

Le Canada a fait connaître en mars 2016 son intention de briguer un siège pour un mandat de deux ans débutant en 2021. Un retour mettrait fin à la plus longue absence canadienne au sein de cette instance cruciale - 21 années depuis la fin du mandat de deux ans en 1999-2000.