Les résultats des consultations publiques fédérales sur le harcèlement et la violence sexuelle en milieu de travail ne sont «pas très surprenants», mais ils réaffirment la nécessité d'agir pour enrayer ce fléau.

C'est ce qu'a indiqué la ministre du Développement de la main-d'oeuvre et du Travail, Patty Hajdu, en réaction aux conclusions des consultations menées au cours des dernières semaines, qui ont été rendues publiques jeudi.

L'exercice mené par Ottawa a permis de constater que le harcèlement et la violence sexuelle ne sont souvent pas signalés par crainte de représailles, et que les incidents signalés ne sont pas traités efficacement.

Selon un sondage réalisé en ligne, environ 75 pour cent des personnes interrogées qui ont subi du harcèlement ou de la violence ont pris des mesures pour tenter de régler le problème. Mais dans deux cas sur cinq, rien n'a été entrepris pour corriger la situation.

Si ces constats sont inquiétants, ils ne sont «pas très surprenants», a laissé tomber la ministre Hajdu en entrevue avec La Presse canadienne, jeudi, expliquant que les résultats l'ont replongée dans sa propre expérience sur le marché du travail.

L'élue ontarienne, qui dirigeait un refuge pour personnes itinérantes avant de faire le saut en politique, se souvient d'avoir dénoncé un incident survenu en milieu de travail alors qu'elle était «très jeune», mais d'en avoir ensuite laissé passer de nombreux autres.

«Ce n'était pas nécessairement parce que je faisais le lien que si je rapportais le cas, je perdrais mon emploi», a-t-elle soutenu.

«C'est surtout parce que dénoncer, ça finit par ne plus traverser l'esprit; on l'intègre comme un élément qui fait partie du milieu de travail, surtout dans des secteurs à forte prédominance masculine», a poursuivi la ministre.

Elle a promis que le gouvernement annoncerait «très bientôt» un plan d'action concocté en collaboration avec divers collègues, dont celle qui lui a succédé à la barre du ministère de la Condition féminine, Maryam Monsef.

Déposer un projet de loi aux Communes est «une option», mais selon la ministre, une mesure législative ne peut changer la situation à elle seule: elle devrait être accompagnée «de ressources pour la formation, pour la sensibilisation».

«Nous allons certainement tenter de faire en sorte que tous les employeurs dans les milieux de travail sous réglementation fédérale aient accès aux ressources dont ils ont besoin pour faire de la formation et mettre en place leur propre cadre réglementaire», a-t-elle spécifié.

Cela comprend les employés de la Chambre des communes. Sur la colline du Parlement, il y a quelques années, le problème du harcèlement s'est retrouvé sous les projecteurs, notamment dans la foulée de l'expulsion de deux députés libéraux ayant été visés par de telles allégations.

La ministre a dit avoir recueilli plusieurs témoignages «inacceptables» sur «le comportement de certaines personnes sur la colline» au fil de certains échanges qu'elle a eus avec de «jeunes employés» depuis son arrivée dans la capitale fédérale.

«Personnellement, je suis très préoccupée par cela», a-t-elle laissé tomber.

Les résultats des consultations publiques menées par le fédéral qui ont été rendus publics jeudi par le bureau de la ministre s'appuient en grande partie sur un sondage réalisé en ligne du 14 février au 9 mars 2017.

En tout, 1349 questionnaires ont été remplis, dont 1005 par des femmes. Plus de 61 pour cent des répondants vivaient en Ontario. Tous les participants au sondage en ligne l'ont fait sur une base volontaire, donc les résultats ne sont pas représentatifs de la population canadienne.