Les gouvernements devront réfléchir à la manière dont certaines infrastructures ou quartiers seront reconstruits dans la foulée des inondations qui affligent le Québec et dans le contexte des changements climatiques qui pourraient provoquer une multiplication de ce genre de phénomènes, ont convenu les premiers ministres du Québec et du Canada, jeudi.

Philippe Couillard et Justin Trudeau ont survolé ensemble la région de Gatineau à bord d'un hélicoptère des Forces armées canadiennes et ont ensuite tenu un point de presse avec le maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin.

Interrogé sur la manière dont le gouvernement approchera la problématique de la reconstruction dans des zones inondables, et du financement public de ces opérations, le premier ministre Trudeau a convenu qu'une réflexion s'impose.

« On sait très bien qu'avec les changements climatiques, c'est de plus en plus fréquent qu'on va voir des situations de désastres, que ce soient des inondations, des feux de forêt... Alors il va falloir qu'on ait des réflexions », a-t-il dit.

« Si on a des événements qui sont sensés arriver à tous les 100 ans seulement, qui arrivent à toutes les décennies ou tous les deux ou trois ans, il va falloir qu'on repense à comment on bâtit nos villes, comment on prévoit nos infrastructures et ça fait certainement partie de la réflexion qu'on est en train d'avoir maintenant », a ajouté M. Trudeau.

Tant M. Trudeau que son homologue du Québec et le maire de Gatineau ont cependant insisté pour dire que cette réflexion ne pourra se faire sans tenir compte de la dimension humaine et de la vie de tous ces gens qui habitent dans ces zones à risque et qui viennent de subir des pertes importantes.

« Il faut effectivement reconstruire mieux, tirer des leçons de ce qui se produit, prévoir que ça va se répéter, mais ne pas perdre contact avec l'être humain là-dedans », a déclaré M. Couillard.

« Il y a des gens dans ces maisons-là qui habitent là-dedans depuis deux générations, trois générations ici, là. Tu ne vas pas leur dire du jour au lendemain : va-t'en, tu n'as plus le droit de rester là, là. Un instant ! Alors on va respecter les gens », a ajouté le premier ministre du Québec.

Le maire Pedneaud-Jobin a renchéri en précisant qu'« on a mandaté le service d'urbanisme de la Ville de Gatineau de regarder le cadre légal dans lequel on travaille ».

« Mais on part du même principe qui vient d'être exprimé : il y a des gens qui perdent des souvenirs, des gens qui perdent des maisons dans lesquelles ils ont travaillé, leurs parents ont travaillé, a-t-il poursuivi. Et là, on leur demanderait en plus de perdre leur quartier? Moi, je ne suis pas prêt à faire ça. On va regarder l'ensemble des options, pour qu'on puisse, par exemple, reconstruire avec de nouvelles normes pour pas qu'on soit là-dedans. Mais à un moment donné, il y a des limites aux sacrifices qu'on peut demander à des gens. »