La Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) ont pressé le gouvernement, mercredi, de se ranger derrière le consensus canadien concernant la bonification du régime de retraite public québécois.

Les deux centrales syndicales ont été entendues par des députés qui étudient des scénarios pour consolider le Régime de rentes du Québec (RRQ).

Cette consultation survient après la décision de Québec de faire bande à part, sur la scène canadienne, concernant la bonification des régimes de retraite publics.

En juin, le ministre des Finances Carlos Leitao avait refusé d'entériner une entente avec Ottawa qui a pourtant été appuyée par toutes les autres provinces.

Mercredi, devant une commission parlementaire, le président de la FTQ Daniel Boyer a déclaré que les propositions québécoises étudiées actuellement pénaliseraient les prestataires québécois.

Selon M. Boyer, les mesures adoptées en juin par les autres provinces canadiennes pour le Régime de pension du Canada (RPC) seraient plus avantageuses pour la majorité des retraités.

«Le fait de choisir le scénario Québec aura une incidence néfaste sur la sécurité financière à la retraite de tous les Québécois, a-t-il dit. Les revenus à la retraite seront les moins généreux du Canada.»

La FTQ estime qu'un retraité québécois dont le revenu était de 40 000 $ gagnerait au final 1000 $ de plus par année en prestations, avec la proposition québécoise, contre 3320 $ avec le projet fédéral.

La proposition d'Ottawa retenue par les autres provinces n'est toutefois pas parfaite. Ceux dont le salaire se situe actuellement entre 21 000 $ et 27 000 $ subiraient un impact négatif, une situation que Québec peut toutefois essayer de changer tout en adhérant au consensus canadien, a indiqué M. Boyer.

Un seuil minimal

La présidente de la CSQ, Louise Chabot, s'est montrée du même avis. Selon Mme Chabot, l'entente convenue en juin dernier à Vancouver entre Ottawa et les provinces est un seuil minimal.

«La proposition de Vancouver est acceptable et on a une recommandation forte, a-t-elle dit. C'est le scénario que Québec doit adopter et c'est le minimum.»

Les deux chefs syndicaux ont rejeté l'argument voulant qu'une hausse des cotisations nuise aux employeurs, en plaidant que les avantages financiers sont nombreux pour les entreprises au Québec.

Quant à la possibilité de hausser le seuil de préretraite, actuellement à 60 ans, la FTQ et la CSQ ont rappelé que les pénalités augmentées récemment sont suffisantes pour freiner les départs hâtifs.

Mercredi, en marge des consultations, M. Leitao a affirmé que le gouvernement n'avait pas écarté la possibilité d'adhérer aux dispositions nationales.

Le ministre a constaté que le gouvernement fédéral avait déjà apporté des améliorations à sa proposition, mais il demeure préoccupé par l'impact de ces changements.

«Je trouve toujours que c'est important de voir l'impact sur les PME du Québec, a-t-il dit. Nous avons déjà les taxes sur la masse salariale les plus élevées au Québec et avec cette réforme, elles augmenteraient davantage.»

En juin, le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, s'est entendu avec ses homologues des provinces pour augmenter le revenu de remplacement fourni par le Régime de pension du Canada (RPC), l'équivalent du RRQ dans le reste du pays.

L'entente, qui doit entrer en vigueur en janvier 2019, prévoit que le revenu de retraite soit équivalent au tiers des gains admissibles, jusqu'à un maximum annuel de 17 478 $, alors que les dispositions prévoyaient jusque-là l'équivalent du quart des gains.

Cette amélioration du RPC sera possible grâce à une hausse graduelle des cotisations des employés, de 2019 à 2023, qui sera de 7 $ par mois au départ pour un salarié gagnant 55 000 $ par année.