Les deux hommes cris du nord du Manitoba qui ont appris qu'ils avaient été substitués à la naissance dans les années 1970 sont apparus bouleversés, vendredi.

David Tait fils et Leon Swanson - qui habitent la petite communauté crie de Norway House - détiennent les preuves ADN de l'échange. Tous deux sont nés en janvier 1975 à trois jours d'intervalle, mais chacun d'eux a grandi avec les parents de l'autre.

Il s'agit de la deuxième affaire révélée de bébés substitués à la naissance qui auraient eu lieu au cours des années 1970 dans un même hôpital fédéral de la localité.

La voix entrecoupée par l'émotion et les yeux remplis d'eau, David Tait fils a réclamé des réponses à ses questions, vendredi, insistant sur les quarante années qui se sont écoulées avant qu'il n'apprenne finalement la vérité.

L'homme de 41 ans s'est dit fâché et confus par la nouvelle.

Les tests génétiques jusqu'ici menés confirment que M. Trait est le fils de Charlotte Mason et non de France Trait. D'autres démarches doivent toutefois être effectuées pour démontrer que Leon Swanson est, à l'inverse, le fils de France Trait.

L'ancien ministre des Affaires autochtones du Manitoba, Eric Robinson, a qualifié l'erreur de criminelle. Ce dernier collabore étroitement avec les familles des deux hommes.

Il a demandé la tenue d'une enquête indépendante par le gouvernement fédéral, réclamant également qu'un soutien aux familles soit accordé.

«Nous pouvons vivre avec une erreur, mais deux erreurs de la même nature, c'est inacceptable. Nous ne pouvons (les) balayer du revers de la main. C'est un acte criminel.», a dit l'ancien ministre néo-démocrate.

L'automne dernier, deux hommes de la Première Nation de Garden Hill, Luke Monias et Norman Barkman ont aussi découvert qu'ils avaient été substitués à la naissance au même hôpital Norway House, la même année.

M. Robinson a souligné que ce ne sont pas que David Tait fils et Leon Swanson qui vivent le revers de leur substitution à la naissance, mais des familles entières. Il a invité la ministre de la Santé, Jane Philpott, à rencontrer les personnes touchées.

La ministre a assuré qu'Ottawa prendrait les mesures nécessaires à la mise en place d'une enquête par un tiers. «Il est impossible de décrire à quel point la situation est tragique pour les deux hommes en question, évidemment, mais aussi pour leurs familles et pour la communauté entière», a-t-elle dit alors qu'elle était à Saguenay où se tenait une réunion du caucus libéral.

Le gouvernement a contacté les deux hommes pour s'assurer qu'ils ont accès à un soutien en santé mentale approprié, a ajouté Mme Philpott. «Il est fondamental que nous comprenions comment cela a pu se produire.»

Santé Canada a pour sa part qualifié les échanges de «malheureux incidents».

L'un des pères affectés, David Trait père, a affirmé que sa femme trouvait effectivement que leur enfant était différent d'eux physiquement. «Mais (je me disais) »Qui suis-je pour dire qu'il n'est pas le mien?«», a raconté l'homme aujourd'hui âgé de 63 ans.

Les deux familles se sont rencontrées depuis qu'elles ont appris le résultat des tests ADN, a-t-il poursuivi, concluant qu'ils formeraient une seule grande famille.