Les services d'espionnage canadiens n'arrivent plus à contenir la menace que représentent les cyberattaques au pays. Les réseaux informatiques des divers gouvernements ou du secteur privé sont quotidiennement la cible d'attaques, affirment les dirigeants du SCRS dans un document d'information qu'ils ont remis au ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney, en septembre dernier.

Ces cyberattaques sont souvent l'oeuvre de gouvernements étrangers hostiles qui misent sur ces agressions virtuelles pour faire mousser leurs intérêts économiques, militaires ou politiques, peut-on lire dans ce document obtenu par le quotidien Toronto Star en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Le ministre Blaney a été mis au courant de l'ampleur de cette menace par les hauts dirigeants du Service canadien du renseignement de sécurité le 18 septembre dernier.

«Des acteurs qui sont parrainés par des États hostiles ciblent les réseaux d'ordinateurs publics et privés au quotidien dans le but de faire avancer leurs intérêts économiques, militaires ou politiques», soutient-on dans le document, dont plusieurs passages ont été caviardés.

Les cyberpirates tentent ainsi de mettre la main sur des secrets militaires, des informations confidentielles liées à la propriété intellectuelle, des stratégies commerciales, ou encore des informations personnelles.

Manque de fonds

Dans un autre document obtenu par La Presse, daté du 5 décembre 2014, le directeur du SCRS, Michel Coulombe, informe M. Blaney que son organisation n'a pas de moyens financiers suffisants pour s'attaquer à la multiplication des menaces contre le Canada venant d'outre-mer dans le récent contexte de compressions budgétaires pour atteindre le déficit zéro à Ottawa. Il a admis que le budget de fonctionnement du SCRS a augmenté de 33% depuis 2006, mais la presque totalité de cette hausse a servi à «atténuer des lacunes dans des domaines précis», et non pas à «augmenter les capacités opérationnelles du Service».

Ce n'est pas la première fois que le SCRS sonne l'alarme quant aux risques de plus en plus élevés liés aux cyberattaques.

Au bureau du ministre Blaney, on affirme que la cybersécurité est une question prioritaire et que le gouvernement travaille étroitement avec les experts en la matière pour se protéger des intentions malicieuses des cyberpirates avant qu'ils ne frappent.

Le porte-parole du ministre, Étienne Rainville, a souligné que le gouvernement a annoncé de nouveaux investissements totalisant près de 300 millions de dollars pour les forces de l'ordre et les agences de sécurité afin de combattre le terrorisme et le cyberespionnage.

«Nous avons fait d'importants investissements dans une stratégie de cybersécurité conçue pour se défendre contre les menaces électroniques, le piratage et le cyberespionnage. Le budget 2015 a réaffirmé l'engagement de notre gouvernement envers la cybersécurité en s'assurant que nos agences disposent des outils dont elles ont besoin pour faire leur travail grâce à un investissement supplémentaire», a-t-il dit.