Si le Canada fait de mieux en mieux en matière de données ouvertes, il est encore loin du quintette de tête, essentiellement européen. Le plus récent palmarès mondial établi par l'Open Knowledge Foundation, organisme qui favorise la libre circulation des données ouvertes, place le Canada au 22e rang. Le Québec, lui, même s'il n'a pas été évalué dans ce palmarès, a encore beaucoup de chemin à faire avant de prétendre être un chef de file en la matière.

Selon Jean-Noé Landry, directeur des initiatives stratégiques chez Nord Ouvert, un organisme qui fait la promotion des données ouvertes au pays, le Canada, avec une note de 59%, ne fait pas si mal que cela. «Plusieurs facteurs expliquent le classement final. À quelques détails près, le pays aurait très bien pu décrocher une note de 70% et s'approcher plutôt du cinquième rang. Très franchement, le Canada est un leader en matière de données ouvertes.»

Pour Jean-Hugues Roy, professeur en journalisme à l'UQAM, il y a là un beau paradoxe pour le gouvernement conservateur, moins reconnu pour sa transparence. «Le fédéral donne plus d'information en matière de données ouvertes que le Québec.» Selon lui, si la province avait été évaluée par l'Open Knowledge Foundation, elle aurait terminé loin derrière le Canada dans ce palmarès.

Quatre-vingt-dix-sept pays ont été évalués en 2014 dans le Global Data Open Index. La grille d'évaluation comportait 10 grands thèmes, dont les horaires des transports en commun, les dépenses et les budgets gouvernementaux, les résultats électoraux et les émissions polluantes. Pour chaque thème, les évaluateurs devaient notamment considérer si des données étaient bien disponibles, si elles étaient gratuites et si elles étaient accessibles dans un format permettant de les traiter facilement.

Peu de données sur les dépenses

Un des thèmes où le Canada a obtenu une très mauvaise note (10%) est celui des dépenses gouvernementales. Les données existent, évidemment, mais elles ne sont pas publiques. Il y a bien le Royaume-Uni, qui rend disponibles dans un format ouvert et normalisé ses dépenses gouvernementales annuelles, mais la pratique n'est pas généralisée ailleurs dans le monde. Certaines villes cependant sont très actives en matière de données ouvertes. New York, par exemple, publie des données relatives à tous les chèques émis par la Ville.

«Au Canada, le fédéral rend disponible un jeu de données avec la liste de tous les contrats octroyés par le ministère des Travaux publics. Mais on veut aussi connaître les dépenses réelles, signale Jean-Hugues Roy. Il faudrait la liste de tous les chèques émis par un ministère ou une municipalité. Tout ça serait facile à rendre public. Qu'est-ce qu'on attend pour le faire?»

Selon M. Roy, la situation s'améliore au Québec, mais il y a encore beaucoup de chemin à faire. «Il y a beaucoup d'information, mais on la retrouve dans de vieux systèmes. Ce ne sont pas des bases de données qu'on peut interroger rapidement.»

Une certaine culture du secret règne toujours, ajoute-t-il également. La Loi québécoise sur l'accès à l'information est caduque, elle n'est pas adaptée au monde numérique. Rappelons que peu après son élection, au printemps dernier, le premier ministre Philippe Couillard a promis de faire de son gouvernement le plus transparent de l'histoire.

Palmarès du Global Data Open Index

1. Royaume-Uni 97%

2. Danemark 83%

3. France 80%

4. Finlande 73%

5. Australie 72%

8. Etats-Unis 70%

22. Canada 59%

Le bulletin du Canada

En matière de données ouvertes

Cartes nationales (100%)

Budget du gouvernement (100%)

Résultats électoraux (100%)

Émissions polluantes (80%)

Lois et règlements (60%)

Bases de données sur les codes postaux (55%)

Registre des entreprises (45%)

Statistiques nationales (40%)

Dépenses du gouvernement (10%)

Horaires des transports (0%)