TransCanada a indiqué hier qu'elle va modifier son site web après qu'un chercheur de l'Université du Québec à Rimouski l'eut accusé de déformer les faits sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l'Alberta.

Dans une lettre expédiée à La Presse, Daniel Bourgault, océanographe à l'Institut des sciences de la mer de l'UQAR, soutient que l'entreprise diffuse une information qui embellit le bilan de la province.

«Selon moi, TransCanada tente de balayer sous le tapis l'impact que l'industrie des sables bitumineux de l'Alberta a sur les émissions canadiennes de GES, estime M. Bourgault. Il s'agit d'un des enjeux national et international les plus importants du XXIe siècle, et il pourrait compromettre leur projet.»

Dans la section «Environnement» du site d'Énergie Est, on peut lire la phrase suivante: «Depuis 2007, les réductions de GES en Alberta équivalent au retrait de 4,8 millions de voitures de la circulation.»

M. Bourgault a pris contact avec TransCanada. On lui a indiqué que l'information provient d'études de l'Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP). On l'a aussi dirigé vers le site du gouvernement de l'Alberta, qui stipule que depuis le 1er juillet 2007, la province a réduit ses émissions d'environ 40 millions de tonnes.

Vérification faite auprès du gouvernement albertain, il s'avère que cette «réduction» n'est pas de 40 millions de tonnes, mais bien de 51 millions. Ce n'est pas une réduction absolue: l'amélioration des techniques d'extraction du pétrole a permis de réduire les émissions par baril.

Autrement dit, si aucune mesure n'avait été appliquée, le bilan albertain serait plus lourd de 51 millions de tonnes de GES.

«Bien que les émissions de GES par baril aient diminué depuis 1990, les émissions totales de GES en Alberta n'ont jamais cessé d'augmenter», note M. Bourgault.

Selon le plus récent rapport canadien à l'ONU, les émissions de l'Alberta ont grimpé de 7 millions de tonnes entre 2006 et 2012. L'industrie des sables bitumineux est responsable à elle seule de 8,7% des émissions du Canada.

TransCanada corrige le tir

L'information diffusée sur le site d'Énergie Est est vraie, a indiqué hier le porte-parole de TransCanada, Tim Duboyce.

«L'erreur qu'on fait, concède-t-il, c'est qu'on ne cite pas la source de la statistique.»

L'entreprise va donc modifier la page. Elle va inclure un lien vers le site du gouvernement albertain. Cela permettra aux internautes d'avoir un portrait plus complet des émissions de GES en Alberta.

«À la lumière de ce que le professeur Bourgault nous signale, j'avoue que j'aurais tenu pour acquis que tout le monde sait qu'il y a eu une nette augmentation des gaz à effet de serre au cours des dernières années, indique M. Duboyce. Mais ce n'est peut-être pas vrai que tout le monde comprend ça.»

Le gouvernement Couillard a réitéré hier que l'évaluation du BAPE sur le projet Énergie Est ne tiendra pas compte des GES générés par l'extraction des sables bitumineux.