Une suggestion voulant que les manifestants blancs limitent leur visibilité et «se tiennent derrière les Noirs» lors des manifestations organisées mardi à Ottawa et Toronto pour dénoncer la mort d'un adolescent noir à Ferguson, au Missouri, a provoqué un débat enflammé sur les réseaux sociaux.

Bilan Arte, l'une des organisatrices de la manifestation à Ottawa, a écrit sur la page Facebook de l'évènement que les «alliés blancs/non noirs» devraient «éviter d'occuper l'espace» et «ne jamais être au centre de quoi que ce soit».

Le même message est apparu sur la page Facebook du rassemblement à Toronto, demandant aux Blancs et aux autres manifestants qui ne sont pas noirs de ne pas s'adresser aux médias. «Les voix noires sont cruciales ici», pouvait-on lire.

La publication de Mme Arte a suscité plus d'une centaine de commentaires. Un homme a notamment demandé: «S'agit-il d'un rassemblement contre le racisme ou d'un rassemblement pour la ségrégation?».

Bilan Arte, qui est vice-présidente de la Fédération canadienne des étudiants, a indiqué sur sa page Facebook personnelle qu'elle avait reçu plus de 50 messages de «personnes blanches indignées» par sa publication.

Les rassemblements de Toronto et d'Ottawa ont été organisés au lendemain de la décision d'un grand jury du Missouri de ne pas porter d'accusations contre le policier blanc ayant tué Michael Brown, un Noir âgé de 18 ans qui n'était pas armé.

Des manifestations violentes ont eu lieu dans la nuit de lundi à mardi dans la région de Ferguson, et des milliers de membres de la Garde nationale ont été appelés en renfort pour éviter une deuxième nuit de troubles.

Les rassemblements organisés au Canada sont restés pacifiques. Des centaines de manifestants s'étaient donné rendez-vous devant le consulat des États-Unis à Toronto, en scandant «Être Noir n'est pas un crime» et d'autres slogans contre la brutalité policière, tandis que d'autres ont organisé une veillée aux chandelles.

«Je ne veux pas vivre dans un monde où certaines vies comptent et d'autres pas», a lancé une manifestante, Christina Miniaci.

À Ottawa, des dizaines de personnes se sont rassemblées devant l'ambassade des États-Unis avec des affiches, dont certaines disaient: «La vie des Noirs compte» et «Le racisme existe».