Au dernier jour du sommet de l'OTAN au Royaume-Uni, le premier ministre Stephen Harper a annoncé, vendredi, le déploiement de plusieurs dizaines de militaires canadiens en Irak pour conseiller le gouvernement qui tente de repousser les combattants de l'État islamique.

Le Canada veut ainsi contribuer à protéger les citoyens irakiens persécutés par le groupe extrémiste et prévenir toute nouvelle escalade de la crise humanitaire dans le nord de l'Irak.

De façon plus spécifique, les membres des Forces armées canadiennes fourniront, en collaboration avec les forces américaines, des conseils stratégiques et tactiques aux forces irakiennes avant que ces dernières entreprennent des opérations tactiques contre l'État islamique. Les militaires canadiens seront déployés pour une période initiale de 30 jours et leur engagement sera réévalué au terme de cette période.

«Nous sommes prêts à augmenter nos contributions», a indiqué le premier ministre Harper en point de presse avant son départ du sommet.

M. Harper a souligné que ce déploiement militaire n'était pas sans risque, tout en insistant sur le fait qu'il ne s'agissait pas d'une mission de combat.

Les libéraux et les néo-démocrates ont demandé que le Parlement soit immédiatement impliqué dans l'évaluation et l'approbation de l'implication canadienne en Irak pour éviter un «enlisement militaire».

Un porte-parole du bureau du premier ministre a indiqué que les chefs de l'opposition étaient en train d'être informés de la situation et que le gouvernement s'était engagé à organiser des audiences en comité restreint pour en discuter.

Plus tôt dans la journée, M. Harper brillait par son absence lors d'une séance de photos officielles avec les autres chefs d'État et de gouvernement présents au sommet de l'OTAN, un geste perçu par certains comme un manque de solidarité. Il a plutôt rencontré quelques-uns d'entre eux en privé, comme le président ukrainien Petro Porochenko, le président français François Hollande et le premier ministre britannique David Cameron.

À l'ouverture du sommet, vendredi, le premier ministre britannique David Cameron avait insisté sur le fait que les pays membres de l'OTAN devaient augmenter leurs budgets militaires. «J'espère que nous pouvons réaffirmer notre engagement à dépenser deux pour cent de notre PIB dans le domaine de la défense. (...) Cela enverra un message puissant à ceux qui nous menacent», a-t-il souligné.

M. Harper n'est toutefois pas en faveur d'une telle mesure. «Je n'ai pas l'intention de déterminer un montant et de le dépenser juste pour le dépenser. Malgré ma réputation comme grand défenseur des forces militaires, je n'ai pas l'intention de faire une expansion militaire juste pour le faire. On doit s'ajuster selon nos besoins et selon les accords avec nos alliés», a-t-il expliqué.

«Dépenser avec un pourcentage du PIB, ce n'est pas réaliste. (...) Nos alliés peuvent être assurés que le Canada dépensera ce qui est nécessaire», a-t-il tranché.

Force de réaction rapide

Par ailleurs, les leaders de l'OTAN ont accepté, vendredi, la création d'une force de réaction rapide dont le quartier général se trouvera en Europe de l'Est et qui pourra se mobiliser rapidement si un membre de l'Alliance est attaqué dans la région.

Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a indiqué qu'un quartier général serait établi en Europe de l'Est et que l'équipement nécessaire serait entreposé dans la région, pour permettre à cette force de se mobiliser et de se déployer rapidement dans l'éventualité d'une agression russe.

«Cela envoie un message clair à tout agresseur potentiel: si vous pensez attaquer un seul allié, vous ferez face à toute l'Alliance», a-t-il dit alors que le sommet de l'OTAN tirait à sa fin.

Les patrouilles aériennes de l'OTAN au-dessus de la région balte et d'autres mesures aériennes, navales et terrestres déjà en place se poursuivront indéfiniment, a ajouté M. Rasmussen, dans le cadre de mesures de préparation qui comprennent aussi une amélioration des échanges de renseignement et davantage de manoeuvres militaires de courte durée.

«Il y a encore beaucoup de travail à faire. Nous aurons un dialogue pendant les mois à venir pour définir la nature de cette force et pour déterminer notre participation», a commenté le premier ministre Harper.