Les policiers du Québec promettent un automne chaud au gouvernement libéral.

Le président de la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec, Denis Côté, qui représente plus de 9500 policiers, n'hésite pas à qualifier le gouvernement de «voleur» à cause de son attitude par rapport aux régimes de retraite, dans une entrevue exclusive accordée à La Presse.

Il entend mener «le combat de sa vie» contre le ministre Pierre Moreau et le gouvernement libéral, pour qu'il change «en profondeur» le projet de loi 3.

«C'est de la foutaise, il n'y a pas de place pour la négociation, c'est de la poudre aux yeux, il n'y a pas de place pour en arriver à des règlements», dit-il.

Pour se faire entendre, le regroupement lance aujourd'hui la plus importante campagne publicitaire de son histoire. Au centre de l'offensive, des publicités télévisées dans lesquelles on peut voir des représentants du gouvernement qui se servent dans un coffre-fort, sous le regard impuissant d'un policier maîtrisé. Des publicités radiophoniques ainsi que de nouveaux autocollants «au voleur, les régimes de retraite en santé sont charcutés» sont également prévus.

«Vous allez entendre parler de la Fédération jusqu'à la commission parlementaire», promet le président.

Cette commission parlementaire, qui entendra l'avis des différents acteurs sociaux sur le projet de loi 3, commencera ses consultations le 20 août.

La Fédération s'oppose entre autres aux mesures rétroactives du projet de loi 3, qui pénaliserait encore davantage ses membres que les autres syndiqués, selon le président. Le projet de loi propose notamment de partager les déficits passés, présents et futurs des régimes de retraite en deux parts égales entre les employés et la municipalité.

Denis Côté menace d'intensifier les moyens de pression si rien ne bouge. «Si la sanction du projet de loi nous est défavorable, c'est clair qu'on n'exclut aucun recours.» Sans réduire les services à la population, il admet que des moyens «plus créatifs» pourraient être utilisés. Mais il refuse d'en préciser les détails.

La présidente de l'UMQ visée

Les syndiqués n'ont pas entendu l'appel au calme lancé en fin de semaine par les deux regroupements représentant les villes du Québec. La Fédération des policiers organise à 11h aujourd'hui une «première» manifestation devant les bureaux de la présidente de l'Union des municipalités du Québec (UMQ), Suzanne Roy. «On veut lui envoyer un message clair», souligne M. Côté.

Ce message, c'est d'inviter l'UMQ à changer de discours, puisqu'elle appuie le projet de loi. «C'est facile de faire un appel au calme, mais ça fait trois ans que l'UMQ se promène à nous dépeindre comme des enfants gâtés, des irresponsables», lance-t-il.

Denis Côté accuse le regroupement de prôner une vision «mur à mur» du projet de loi 3, en se collant aux réalités de Montréal et de Québec, et d'être ainsi déconnecté des réalités des autres villes.

PHOTO SIMON GIROUX, LA PRESSE

Denis Côté, président de la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec, entend mener «le combat de sa vie» contre le gouvernement libéral, pour qu'il change «en profondeur» le projet de loi 3.