Les élections ontariennes entrent dans la dernière ligne droite, alors que les électeurs de la province seront appelés aux urnes jeudi. Les sondages donnent une légère avance aux libéraux, mais les experts s'entendent pour dire qu'on assiste à une véritable course à deux et que les progressistes-conservateurs peuvent encore aspirer au pouvoir. Le défi, à l'heure où on semble se diriger vers un autre gouvernement minoritaire, pourrait être de résister aux assauts de l'opposition... et à une possible coalition. Cinq questions qui se posent à la veille du vote.

Quel est l'enjeu principal?



C'est l'économie et la création d'emplois, s'entendent pour dire les trois experts consultés par La Presse. L'Ontario est aux prises avec des déficits budgétaires à répétition et une dette qui explose, tandis que l'industrie manufacturière, naguère le pilier de la province, vacille. «Ça va probablement être la question déterminante dans l'urne: quel plan est le plus attirant?», estime Christopher Cochrane, professeur de sciences politiques à l'Université de Toronto.

Les conservateurs pourraient-ils l'emporter?



Les libéraux ontariens sont au pouvoir depuis 2003. L'usure du pouvoir et les scandales rongent le parti depuis déjà des années. Mais les électeurs ne semblent pas faire totalement confiance au chef progressiste-conservateur Tim Hudak et à son Million Jobs Plan, qui propose des compressions importantes dans les dépenses publiques. «Les gens veulent du changement, mais ils ont peur des conséquences. Ils se disent: on n'est pas prêts à payer le prix encore», a noté le professeur de l'Université d'Ottawa Gilles LeVasseur. Des francophones craignent tout particulièrement l'impact de compressions dans leurs services.

Quel est le scénario le plus réaliste?



Un gouvernement minoritaire. Libéral ou conservateur? «Je ne mettrais pas ma tête sur le billot», lance Christopher Cochrane. Laure Paquette, de l'Université Lakehead à Thunder Bay, ose s'avancer: «La question, c'est: est-ce que ça va être un gouvernement libéral minoritaire ou avec une toute petite majorité?» Selon la professeure de sciences politiques, le goût de changement des électeurs et la bonne performance de Tim Hudak aux débats ne suffiront pas à rassurer les électeurs et à leur faire oublier les erreurs qui ont miné sa campagne.

Qu'en est-il du NPD?



C'est le NPD qui a provoqué les élections en décidant de voter contre le budget libéral. Depuis, le parti d'Andrea Horwath a chuté de plus de 6 points dans les intentions de vote. Le déplacement du parti vers le centre pourrait lui nuire, selon des experts, d'autant que certains de ses électeurs pourraient être tentés par un vote stratégique libéral pour barrer la voie aux conservateurs. Thomas Mulcair devrait prendre des notes, a convenu Gilles LeVasseur: les néo-démocrates fédéraux se sont eux aussi déplacés vers le centre sous l'impulsion de leur nouveau chef.

Les sondages sont-ils fiables?



Les exemples des dernières élections en Alberta et en Colombie-Britannique sont encore frais en mémoire, et la question se pose maintenant lors de chaque campagne provinciale: se pourrait-il que les sondages donnent à nouveau un portrait faussé de la réalité? «C'est un risque, croit le professeur Christopher Cochrane de l'Université de Toronto. Chaque firme de sondages produit des prédictions cohérentes, mais elles varient largement d'une maison à l'autre.» Les quelque 20% d'indécis ajoutent à l'incertitude, à quelques jours du vote.

Intentions de vote en Ontario*

> Libéraux 38,9%

> Progressistes-conservateurs 35%

> Néo-démocrates 18,4%

> Verts 6,6%

* Selon le site web ThreeHundredEight.com hier midi, qui fait une moyenne des sondages publiés.