Une enquête interne du Centre de la sécurité des télécommunications Canada (CSTC) a levé le voile sur une utilisation inadéquate des avoirs publics et de sérieuses infractions au code d'éthique et de valeurs de l'agence d'espionnage.

De telles constatations, rendues possibles grâce aux informations divulguées par un dénonciateur, ont incité le CSTC à réviser ses politiques, améliorer ses formations et renforcer sa supervision.

L'agence canadienne d'espionnage se refuse toutefois à en révéler davantage sur ce dossier. Des députés de l'opposition l'ont accusée de faire preuve d'une trop grande discrétion, et ce, à l'heure où le CSTC est projeté à l'avant-scène en raison de fuites largement médiatisées.

Le CSTC, établi à Ottawa, surveille les activités d'ordinateurs, de satellites, radios et téléphones d'individus, de pays, d'organisations et de cellules terroristes à l'étranger et collige des informations d'intérêt pour le gouvernement fédéral.

Il fait partie du Groupe des cinq, un réseau incluant des agences partenaires des États-Unis, du Royaume-Uni, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande.

L'agence canadienne assure que les conclusions de son enquête ne sont pas liées à de l'information sur la sécurité nationale, ni à la vie privée des Canadiens ou à la construction de ses nouveaux bureaux dans la capitale nationale.

L'enquête du CSTC a accouché d'une série de recommandations concernant les pratiques d'achat et de gestion des avoirs ainsi que le contrôle et la transparence des finances. Cela s'est traduit par des modifications incluant des «formations plus rigoureuses pour les employés et les cadres» et une «surveillance accrue des autorités financières», a soutenu l'agence.

Le porte-parole du CSTC, Ryan Foreman, a affirmé ne pas être en mesure de dévoiler de l'information à propos d'«employés visés par ce dévoilement d'infractions» pour des raisons de confidentialité.

Il a également refusé de discuter du nombre d'employés concernés ou de leurs fonctions, pas plus qu'il n'a voulu dire si quelqu'un avait été renvoyé ou si des sanctions avaient été imposées contre un employé. Le type d'avoirs impliqués et leurs valeurs n'ont pas non plus été dévoilés.

M. Foreman a aussi refusé de préciser à quel moment le CSTC avait été mis au courant de l'affaire et les mesures correctives instaurées.

«En gros, ils ne vous disent rien», a déploré le porte-parole libéral en matière de sécurité publique, Wayne Easter.

Le porte-parole de la Défense du Nouveau Parti démocratique, Jack Harris, a quant à lui déclaré que la réponse du CSTC démontrait sa «réticence à faire preuve de franchise envers la population».

«S'ils veulent gagner la confiance de la population, il serait dans leur intérêt d'en dévoiler un peu plus pour que nous ayons une meilleure idée de ce qui se passe en ce moment», a-t-il lancé.

La politique fédérale sur la dénonciation, la Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles, permet aux employés d'informer leurs supérieurs d'infractions sérieuses dans leur milieu de travail, et ce, en toute confidentialité.