Le maire Rob Ford a une fois de plus essuyé une tempête médiatique, hier, 24 heures après la mise au jour de ses liens possibles avec des groupes criminels. Des révélations explosives qui se font maintenant si nombreuses que les Torontois les accueillent avec résignation, si on en croit les élus rencontrés à l'hôtel de ville, hier.

Pour les habitués, la scène était familière. Une cohue a éclaté au premier étage de l'hôtel de ville en fin d'après-midi. Une trentaine de journalistes et de cameramen se sont précipités à l'extérieur du bureau vitré du maire Ford alors qu'il partait pour la journée.

Sa voix à demi inaudible sous le crépitement des flashes, hier, le maire a offert ses condoléances à la famille de Nelson Mandela, le leader sud-africain qui a visité Toronto à plusieurs reprises depuis la fin de l'apartheid. Il a même répondu à quelques questions sur le leader sud-africain.

«C'était un gentleman, un homme poli, et il y a beaucoup de choses que nous pouvons apprendre de M. Mandela, a-t-il déclaré. Je veux simplement dire que je suis attristé par son décès et que je soutiens sa famille pendant cette période difficile.»

Ford s'esquive

Mais dès qu'un journaliste lui a demandé s'il avait été victime de chantage, il s'est esquivé, s'engouffrant derrière les portes métalliques d'un ascenseur.

En matinée, lors d'un entretien à une chaîne de radio sportive de Washington, le maire a qualifié les allégations selon lesquelles il aurait tenté de racheter la vidéo de «mensonges».

Le maire adjoint, Norm Kelly, est désormais l'homme fort à l'hôtel de ville. Lors d'un entretien avec La Presse, il s'est montré troublé par les dernières révélations sur M. Ford.

«Je pense que ce qui distingue ces dernières révélations des autres, c'est le lien allégué du maire avec des gens qui pourraient être impliqués dans des activités criminelles, a-t-il observé. C'est déconcertant.»

Mais du même souffle, il admet que ses collègues au conseil municipal se montrent de plus en plus résignés face au comportement du maire. Tout comme l'ensemble des citoyens de la Ville reine, d'ailleurs.

«D'une certaine façon, on s'est immunisé contre ces révélations qui nous sont tombées sur la tête avec régularité», convient M. Kelly.

Le conseiller John Filion, qui représente le district de Willowdale, abonde dans ce sens. Les dernières frasques du maire Ford ne surprennent plus personne à Toronto, dit-il.

Mais depuis un peu plus de deux semaines, souligne-t-il, le maire n'a pratiquement plus de pouvoirs. Une décision sans précédent du conseil municipal lui a retiré l'essentiel de ses responsabilités, y compris en matière de budget.

«Depuis que nous l'avons dépouillé de ses pouvoirs, la grogne du public s'est calmée, estime M. Filion. Mon bureau n'a eu qu'une poignée d'appels au cours des dernières 24 heures, alors qu'il y a quelques semaines, nous recevions une centaine de courriels et d'appels par jour pour déplorer le comportement de M. Ford.»