En avril 2010, au beau milieu de son procès pour voie de fait grave, Mario Antonacci envoyait un émissaire, au nom évocateur de M. Cool, annoncer au juge Jean-Paul Braun de ne pas l'attendre. Il ne viendrait plus, vu que l'État n'avait pas juridiction sur lui.

M. Antonacci a tenu parole, et n'est plus venu.

Trois ans et demi plus tard, après un séjour tonitruant à Calgary, revoilà M. Antonacci devant le juge Braun. Cette fois, l'homme de 48 ans a les menottes aux poignets, et se voit contraint d'être là où l'État veut qu'il soit. La première chose que le juge a faite, au retour d'Antonacci, il y a un mois, c'est de demander une évaluation psychiatrique. Cette semaine, le résultat du rapport était annoncé: il est apte à être jugé.

Que faire maintenant?

Comme M. Antonacci avait une coaccusée dans son dossier, Sylvia Gibb, et qu'elle avait fini par revenir au procès,en 2010, celui-ci s'était poursuivi. Mme Gibb a été déclarée coupable, et a obtenu une absolution conditionnelle, en octobre 2010. Le procureur Jacques Bélanger avait proposé de rendre aussi jugement contre Antonacci, comme le permet la loi quand un coaccusé s'esquive.

Le juge avait refusé, parce qu'il voulait avoir l'accusé devant lui. Un mandat d'arrestation avait été lancé contre M. Antonacci.

Pendant ces trois années et demie d'absence, M. Antonacci est allé vivre en Alberta, sous un autre nom, celui de Andreas Pirelli. Là-bas, il a loué la maison d'une vieille dame, pour ensuite faire relâche dans les paiements et déclarer qu'il s'agissait de son «ambassade», selon la propriétaire. M. Antonacci, se réclame d'un excentrique mouvement, «Sovran Nations Embassy of Mother Earth», dont le discours s'apparente aux «Freeman on the Land». Ils prétendent échapper aux règles édictées par le gouvernement. Quoi qu'il en soit, quand les médias se sont intéressés au cas de la propriétaire âgée, en septembre dernier, la véritable identité de M. Pirelli a été découverte. Il a été ramené au Québec, puisqu'il était sous mandat d'arrestation.

La faute aux médias

Pour expliquer sa longue absence, M. Antonacci a raconté qu'en 2010, en raison de l'attention médiatique, il avait reçu des menaces, sur l'internet... «J'ai dû faire une entente de sécurité avec le NSA [National Security Agency]», a-t-il prétendu.

Me Léandre Dubé Laberge, qui est entrée au dossier pour représenter M. Antonacci, a demandé au juge un délai afin de prendre connaissance de la preuve et voir s'il y a lieu de rappeler des témoins pour reprendre le procès où il a été arrêté. La suite des choses a été reportée au 19 novembre.

Rappelons que la plaignante, Jocelyne Malouf, une femme dans la cinquantaine, avait prêté un logement à M. Antonacci en 2007, quand il s'était fait couper l'électricité. Cette femme soutient que M. Antonacci est devenu indélogeable par la suite et qu'un jour, il l'a jetée violemment sur le trottoir, où elle s'est fracturé le bassin et un poignet.