Si le maire de Toronto, qui a admis mardi avoir consommé du crack, dit vouloir se «remettre au travail», voire même se représenter lors des élections municipales de 2014, plusieurs acteurs politiques municipaux, provinciaux et fédéraux s'inquiètent de son comportement.

La première ministre ontarienne Kathleen Wynne a ainsi affirmé, mardi, qu'elle s'inquiétait du fait que les problèmes personnels du maire Rob Ford nuisent à la bonne marche des affaires dans la métropole canadienne.

Mme Wynne a estimé qu'il y avait une grande tempête actuellement à l'hôtel de ville de Toronto. Selon elle, la police et le système judiciaire doivent agir, mais le maire devra lui-même prendre les «décisions appropriées».

Le scandale Ford a également attiré l'attention du ministre fédéral de la Justice, Peter MacKay, qui a laissé entendre qu'il s'agissait d'un «triste jour» pour Toronto.

Gardant bien à l'esprit son rôle de ministre de la Justice, M. MacKay a affirmé qu'il n'avait pas besoin de rappeler sa position sur la consommation de drogues.

«En tant qu'être humain, je crois que le maire de Toronto a besoin d'aide», a-t-il cependant ajouté.

Et malgré les révélations explosives du maire, ceux qui l'ont appuyé depuis le début de l'affaire ne l'ont pas lâché.

«Laissez Ford tranquille! Ce type fait du bon travail. La ville est bien gérée!», a lancé un internaute sur Twitter.

À l'hôtel de ville, toutefois, quelques personnes ayant travaillé avec M. Ford ont fait savoir que son aveu de mardi était un signe évident qu'il devait prendre du recul par rapport à ses fonctions professionnelles et aller chercher de l'aide.

Un membre du comité exécutif qui a étroitement travaillé avec le maire a mentionné que certains conseillers planchaient sur une motion qui priverait M. Ford d'une partie de ses pouvoirs.

«Il a besoin d'une pause, il doit évaluer ce qui est le mieux pour lui, ce qui est le mieux pour la ville», a déclaré le conseiller Denzil Minnan-Wong.

Pour la conseillère Jaye Robinson, le maire «n'a plus aucune trace de crédibilité».

À l'échelle fédérale, les politiciens de l'opposition ont fait cause commune en appelant M. Ford à aller chercher de l'aide.

Autant le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, que le chef libéral, Justin Trudeau, ont estimé que le maire avait besoin de prendre une pause pour obtenir des soins.

M. Trudeau a par ailleurs refusé de comparer l'aveu de M. Ford à sa propre confession selon laquelle il a déjà fumé de la marijuana, même si au moins un député conservateur ne s'en est pas privé.

«Je ne vais pas verser dans la politique. Je ne chercherai pas à obtenir un avantage ou une défense dans cette affaire. J'ai été honnête et transparent dans mes propres décisions, mes décisions politiques», a dit M. Trudeau.

Pour le ministre fédéral des Finances Jim Flaherty, un bon ami de M. Ford, pas question de commenter le dossier.

Julian Fantino, responsable du portefeuille des Anciens combattants, refuse quant à lui de voir dans cette affaire un faux pas pour le mouvement conservateur. «Vous pouvez tenter d'établir tous les liens que vous voulez, je n'ai pas les faits (nécessaires) pour m'immiscer dans cette affaire», a-t-il déclaré.

Ailleurs dans le monde, les médias ont fait leurs choux gras de cette histoire de consommation de crack, des grands réseaux d'information comme CNN ou la BBC ayant saisi la balle au bond.

Plusieurs réseaux américains ont même diffusé en direct la deuxième conférence de presse du maire, mardi après-midi.

Le maire Ford est également une cible de choix - et récurrente - pour les émissions humoristiques de fin de soirée aux États-Unis. Le «Daily Show» a repris l'affaire pas plus tard que lundi soir.

Photo Chris Young, PC

Les journalistes présents à la deuxième conférence de presse.