La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) a écrit à la première ministre Pauline Marois pour dire que son gouvernement ne parlait pas en son nom au sujet de la Charte des valeurs québécoises.

«Contrairement à ce qu'on a pu entendre, les gens d'affaires ne réclamaient pas d'interventions gouvernementales sur ces questions», rappelle la présidente de la FCCQ, Françoise Bertrand, dans une lettre dont La Presse a obtenu copie. 

Le projet de charte s'appliquerait au secteur public, et non aux entreprises privées. De plus, la FCCQ n'a «pas vocation» de se prononcer sur de telles questions, reconnaît Mme Bertrand. Mais le conseil d'administration a néanmoins décidé, de façon unanime, de prendre position le 17 septembre, car il croit que le projet risque de «nuire à la croissance des entreprises et au développement économique».

Dans sa missive, la FCCQ rappelle qu'au Québec, 20% de l'activité économique provient du gouvernement. Or, la charte nuirait selon elle à la «paix sociale» et au «recrutement de talents», notamment les chercheurs universitaires, dans un contexte de vieillissement de la population. «Il est raisonnable de croire qu'à choisir entre deux milieux de vie, ils préféreront le plus ouvert et le plus accueillant», y lit-on.

Rappelons toutefois que selon les intentions gouvernementales, les universités, tout comme les cégeps, les hôpitaux et les municipalités,  pourraient profiter d'un droit de retrait renouvelable à chaque cinq ans. Cela ne rassure pas Mme Bertrand. Elle déplore l'existence actuelle des «tensions Montréal - région», et elle croit que la charte «accentuera ce clivage, conduisant à une véritable fracture».

Si la charte est seulement appliquée dans certaines régions, Mme Bertrand n'hésite pas à dire que cela créerait un Québec «balkanisé» et «un casse-tête de plus à résoudre dans un environnement réglementaire déjà fort complexe».