Emmanuelle Vincent a quitté la ferme laitière familiale d'Acton Vale, en Montérégie, à la fin du moins d'août. La jeune femme de 26 ans est partie travailler en Beauce, pour Financement agricole Canada. La rejoindront bientôt une vache et trois génisses, qu'elle devra mettre en pension.

« Un de mes frères travaille déjà à la ferme familiale et c'est une excellente relève, indique-t-elle. Mes parents sont super jeunes. Ils n'ont pas besoin d'une autre employée. »

Or, Mme Vincent mange de l'agriculture. « C'est passionnant, il y a plein de défis à relever et le côté économique me parle beaucoup, énumère-t-elle. Si je ne travaillais pas dans le milieu agricole, je n'ai aucune idée de ce que je ferais. » En Beauce, elle sait déjà qu'elle fera le train dans une nouvelle ferme, un week-end sur deux. « J'ai trouvé mon «sideline» », dit-elle fièrement.

Si c'est le frère de Mme Vincent qui prend la relève, c'est parce qu'il a été disponible pour travailler avant elle. « Moi, j'ai eu envie d'essayer autre chose », résume la jeune femme, qui vient de compléter un baccalauréat en agroéconomie à l'Université Laval.

« Il faut prendre notre place »

Peu importe leur sexe, tous les enfants Vincent « on travaillé jeunes sur la ferme, souligne la seule fille de la fratrie. Si on avait de l'intérêt à monter sur un tracteur, mon père était prêt à nous l'apprendre. »

Éventuellement, Mme Vincent espère prendre les rênes d'une autre ferme laitière. Peut-être celle des voisins de ses parents, où elle travaillait les week-ends, depuis trois ans. « J'avais des bonus en génisses », précise-t-elle avec ravissement. D'où les quatre vaches à déménager, près de son nouvel appartement de Sainte-Marie.

« Il faut prendre notre place comme fille en milieu agricole, il ne faut pas avoir peur, souligne Mme Vincent. C'est plus souvent un réflexe de penser aux gars en premier. Ce n'est pas par mauvaise foi. Quand on se manifeste, il est rare qu'on nous ferme la porte. »