Alors que le spectre d'une loi spéciale continue de planer et que les employés des secteurs institutionnel, commercial et industriel (ICI) achevaient une 12e journée de grève, la négociatrice en chef de l'Association de la construction du Québec (ACQ) a lancé ce qu'elle a qualifié de «cri d'alarme» aux syndicats de la construction, vendredi soir, afin qu'ils acceptent de nouvelles normes au sein de l'industrie.

À sa sortie d'une rencontre avec le médiateur Normand Gauthier, peu après 20 h 30, Lyne Marcoux, a affirmé que les syndicats continuaient de rejeter les demandes de l'ACQ, malgré le fait, a-t-elle ajouté, que ces demandes sont différentes que celles présentées au moment d'amorcer les négociations.

«Aujourd'hui, je dois me rendre à l'évidence que les syndicats refusent de répondre aux demandes que nous avons faites. Pour nous, c'est une question de changer l'organisation du travail, de la possibilité de la faire évoluer. On ne peut pas laisser notre industrie immobile sans changement pendant sept ans. Les derniers changements ont eu lieu en 2010, mais on ne pourrait pas se rendre jusqu'en 2017 sans revoir certaines choses dans notre organisation de travail», a fait valoir Mme Marcoux.

La négociatrice en chef a déclaré que l'ACQ avait présenté des «offres intéressantes», en fonction des modifications que l'Association veut apporter à l'industrie, avant de demander aux syndicats de bien évaluer la portée d'une loi spéciale.

«Nous sommes tous conscients, autant les syndicats que nous, qu'une loi spéciale est à l'agenda, probablement dans quelques jours, dans quelques heures, peut-être. Étant donné où nous sommes rendus (...), je crois maintenant qu'il faut se mettre à la tâche. Il nous reste quelques heures pour répondre positivement aux demandes patronales.»

Mme Marcoux dit que l'ACQ a répondu aux préoccupations des travailleurs que représente l'Alliance syndicale. Elle souhaite maintenant que les syndicats contribuent à solidifier l'industrie.

«Nous avons des préoccupations d'industrie, nos demandes sont en fonction de l'industrie. Et je demande aux syndicats de participer à cette vision de l'industrie et de collaborer pour que l'on ait une industrie plus compétitive, plus forte. Dans ce sens, je pense que nous serions tous gagnants.»

La sortie de Mme Marcoux a surpris les responsables de l'Alliance syndicale. En entrevue avec La Presse Canadienne, le porte-parole Merlin Trottier-Picard a affirmé que les syndicats ont fait une offre plus tôt dans la journée, vendredi, et qu'ils considèrent que la balle est maintenant dans le camp de l'ACQ. M. Trottier-Picard a ajouté que l'Alliance syndicale continuera de parler avec le médiateur.

Mais selon Éric Côté, responsable des relations médias à l'ACQ, Mme Marcoux a effectué sa sortie parce qu'elle avait le sentiment que les négociations n'avançaient plus et qu'il n'y avait aucune possibilité de discuter sur les bases des demandes patronales.