Après avoir fait couler beaucoup d'encre au cours des dernières semaines, le village de La Motte a accueilli, lundi, un véritable cirque médiatique à l'occasion du conclave qui s'ouvre aujourd'hui et qui pourrait donner un pape à l'Abitibi.

La région s'est réveillée avec une bonne bordée de neige, qui a rendu périlleux le trajet couvrant la trentaine de kilomètres entre La Motte et Amos, où se trouvent les hôtels dans lesquels s'entassent la plupart des journalistes de passage.

Des poids lourds chargés de bois fonçaient à vive allure sur l'unique route pour s'y rendre, dont la visibilité était réduite.

Au village, les camions-satellites de plusieurs chaînes canadiennes étaient garés dans le stationnement de l'église, transformée en salle de presse et en cantine pour la durée du conclave.

Dehors, quelques journalistes y allaient de leurs premiers directs.

De l'autre côté de la rue, Lise Breault, propriétaire du dépanneur - et unique commerce local -, écoulait les premiers échantillons de sa toute nouvelle machine à café.

Dans la rue, des curieux faisaient quelques détours en voiture ou en motoneige pour immortaliser l'inhabituel émoi. «Il ne se passe tellement pas grand-chose par ici...», admet candidement Michel McDuff, résidant de Rouyn en visite.

À travers le parc de véhicules des médias se faufilait la fourgonnette de Dominique Tonetti, Lamottoise, mais surtout l'architecte qui a piloté les importants travaux de réfection de l'église il y a quelques années. L'église vient d'ailleurs d'être sélectionnée parmi les 10 lieux de culte ayant subi les transformations les plus intéressantes par le Conseil du patrimoine religieux du Québec. Mme Tonetti n'aurait jamais imaginé que le fruit de ses labeurs se retrouve aujourd'hui devant autant de projecteurs. «J'espère quand même que tout ça ne changera pas trop notre petit village», souligne l'architecte au sujet de Marc Ouellet et ses chances de devenir pape. «Mais on pellettera lorsqu'il y aura de la neige», ajoute-t-elle, philosophe.

Cours 101 sur la papauté

De la neige, il y en a déjà beaucoup ici. Au grand bonheur des enfants de la seule école du village, située à un lancer de balle de neige de l'église. «Nous avons 28 élèves de la 3e à la 6e année, qui proviennent de La Motte et de Saint-Mathieu, le village voisin», calcule la directrice, Andrée Roy.

Pour les préparer à cette frénésie, les enfants ont reçu une sorte de cours 101 sur la papauté, mais aussi sur l'invasion médiatique qui s'amène à leur porte.

Pendant que les journalistes faisaient le pied de grue devant l'église, des pêcheurs sur glace se donnaient rendez-vous, comme chaque jour, sur le lac Malartic un peu plus loin.

Pas difficile de deviner ce qui meuble leur conversation en attendant que ça morde. «La pêche et Marc Ouellet», résume Marcel Bourassa, retraité de 66 ans. Son ami Luc Bérubé et lui passent leurs journées dans leurs cabanes chauffées au poêle, à l'écart de l'agitation qui secoue leur village. «C'est certain qu'il y a une fierté dans tout ça. Mais les gens aiment la tranquillité ici et là, on la perd un peu...», résume M. Bérubé, les yeux braqués sur ses brimbales immobiles.