La contestation du leadership du chef de l'Assemblée des Premières Nations (APN), Shawn Atleo, par certains chefs en désaccord avec sa stratégie de négociations avec le gouvernement Harper nuit à la cause des autochtones, estiment les partisans de M. Atleo, en congé de maladie depuis lundi.

Certains leaders autochtones ont évoqué la tenue d'un vote de confiance envers le chef Atleo parce qu'il a accepté de rencontrer le premier ministre Stephen Harper, la semaine dernière, à son bureau de la colline parlementaire et sans la présence du gouverneur général David Johnston. Mais cela ne pourrait se faire qu'à la prochaine rencontre annuelle de l'APN, en juillet, et il faudrait un vote de 60% de l'organisation pour démettre le chef Atleo de ses fonctions, selon certaines informations qui circulaient hier.

Un mécontentement venu du Manitoba

Même si aucun chef n'a publiquement exigé la démission de Shawn Atleo, ses partisans soutiennent que la fronde est alimentée par les chefs du Manitoba, notamment le grand chef Derek Nepinak, de l'Assemblée des Premières nations du Manitoba. Ce dernier a décidé de boycotter la rencontre de la semaine dernière en guise de solidarité avec la chef d'Attawapiskat, Theresa Spence, qui suit une diète liquide depuis le 11 décembre et réclame une rencontre au sommet avec le premier ministre et le gouverneur général afin de discuter de la question des traités.

«La contestation du leadership de Shawn Atleo nuit à notre cause. Nous devons rester unis et nous concentrer sur les questions urgentes comme l'application des traités et le partage des revenus des ressources naturelles», ont fait valoir les partisans de M. Atleo.

En conférence de presse, hier à Ottawa, le chef Derek Nepinak a nié manoeuvrer dans les coulisses pour obtenir le départ de Shawn Atleo. Il a soutenu qu'il n'avait pas le mandat de contester la direction de l'APN de la part de ses pairs du Manitoba. Mais cela pourrait être à l'ordre du jour de la rencontre des chefs manitobains prévue mardi prochain.

Johnston toujours sollicité

M. Nepinak a par ailleurs indiqué hier que les chefs manitobains ont fait adopter par le comité de direction de l'APN une résolution exigeant la tenue d'une réunion entre des chefs autochtones, le premier ministre Stephen Harper et le gouverneur général David Johnston au plus tard le 24 janvier, soit jeudi prochain.

Certains chefs tiennent à la présence du gouverneur général à toute rencontre, car ils soutiennent qu'il représente les intérêts de la Couronne, signataire des traités avec les peuples autochtones au XVIIIe siècle. À l'issue de la rencontre entre M. Harper et M. Atleo et une vingtaine de leaders autochtones, le 11 janvier, le premier ministre s'est engagé à prendre en main le dossier complexe des traités et des revendications des autochtones. Il a aussi été convenu qu'une autre rencontre entre MM. Harper et Atleo aurait lieu afin d'établir les prochaines étapes.

M. Atleo devrait réintégrer ses fonctions d'ici une semaine au plus tard, selon son entourage.