Les gens qui lèvent la main sur leurs enfants ne sont pas tous des parents dénaturés. La majorité des cas de sévices physiques signalés à la DPJ sont le fait de parents dépassés par les événements qui perdent la maîtrise d'eux-mêmes.

«Un parent qui saute sa coche et qui donne une grosse claque à son enfant, on a tous vu ça dans son entourage, explique la directrice de la protection de la jeunesse de Montréal, Michelle Dionne. Les gens ont l'impression que ce sont des histoires d'horreur et que ça se passe à l'extérieur de leur milieu social. Mais personne n'est à l'abri. Évidemment, il y a des gens qui ont des problèmes plus complexes sur le plan individuel. Mais la plupart du temps, ce sont des gens qui ne pensaient jamais en arriver là. Ces parents, quand on les rencontre, sont extrêmement bouleversés par ce qui s'est passé.»

Il y a aussi des parents qui utilisent les coups comme méthode éducative ou pour punir leurs enfants. La culture ou la manière dont ces parents ont eux-mêmes été élevés peut avoir une influence.

«Il y a aussi une petite proportion de gens, et ça reste une petite proportion, qui sont dans la violence, dans les comportements inadéquats à répétition. Ce ne sont pas des gens qui ont une insensibilité ou des problèmes de santé mentale. C'est une petite minorité qui, malheureusement, fait des victimes. C'est atroce et épouvantable, car les enfants gardent des séquelles majeures.»

Les études médicales montrent qu'un épisode de violence envers un enfant dure en moyenne de 10 à 15 secondes. Même brève, une perte de contrôle peut causer la mort, particulièrement dans le cas d'un bébé. Plus l'enfant est jeune, plus les séquelles physiques risquent d'être importantes; plus l'enfant est en âge de se souvenir, plus les conséquences psychologiques sont marquées au fer rouge.

«Toute personne qui côtoie des enfants sait à quel point c'est beau, mais aussi à quel point c'est exigeant. Et le parent qui est en manque de moyens pour faire face à la vie, ça se peut qu'il aille trop loin», dit Mme Dionne.

«C'est important de dire que nous, on arrive quand l'abus a lieu. Si j'ai une voisine ou quelqu'un dans ma famille qui est à bout et qui perd patience, ça demande du courage de se commettre, d'aborder cette inquiétude et d'offrir de l'aide. Il faut que chacun prenne son courage à deux mains et signale à la DPJ s'il le faut. Souvent, les gens voient cela comme un acte de dénonciation, mais il faut vraiment se dire que ça peut éviter qu'un enfant soit victime d'un abus.»