Les multiples sondages effectués durant la campagne électorale en Ontario ont réussi à prédire avec une exactitude acceptable les résultats des élections, mais certaines questions demeurent concernant l'industrie du sondage et la manière dont les chiffres sont utilisés.

John Wright, le vice-président d'Ipsos Reid, a dénoncé vendredi les pratiques de certaines firmes et le manque de sens critique des médias.

Certains sondeurs ont utilisé les données d'autres entreprises, a-t-il soutenu sans toutefois donner de noms.

Il a également révélé qu'un média avait publié le matin un sondage prédisant la victoire des progressistes-conservateurs et un autre dans l'après-midi affirmant que les libéraux allaient gagner.

M. Wright, qui travaille dans le domaine depuis 23 ans, a déclaré qu'il n'avait jamais vu une situation aussi ridicule que celle qui avait prévalu durant les récentes élections et qu'il craignait que cela ne mène à l'interdiction des sondages durant les campagnes électorales.

Ces déclarations font suite à une lettre publiée le mois dernier par John Wright et Darrell Bricker, le chef de la direction d'Ipsos Reid, dans laquelle ils critiquaient notamment les «sondeurs marginaux» et accusaient les médias de ne pas leur avoir demandé de comptes.

Avant le début de la campagne électorale, les sondages donnaient une solide avance au Parti progressiste-conservateur. Une fois la campagne lancée, ils ont toutefois placé les progressistes-conservateurs nez à nez avec le Parti libéral.

Juste avant le jour du scrutin jeudi, les sondages ont prédit que les libéraux remporteraient les élections. Ce qui s'est effectivement produit, même s'ils ont raté de peu la majorité.

Selon Derek Leebosh, vice-président d'Environics Research, le fait que la course était serrée a attiré davantage l'attention sur les sondages et leurs marges d'erreur. Il a cependant fait valoir que, en général, la plupart des sondeurs avaient vu juste.

Pour M. Wright, le débat post-électoral sur l'exactitude des sondages n'est pas pertinent.

«Les gens peuvent bien clamer qu'ils étaient exacts le dernier jour, mais ce que nous avons vu durant cette campagne est impardonnable», a-t-il tranché. «Parce que, quand un sondage est publié, il est perçu comme étant crédible et est couvert par les médias. C'est le début d'un assaut contre la démocratie.»