Au début du mois, Martine a eu le choc de sa vie en découvrant sa fille de 8 ans en train de filmer son amie qui dansait devant la fenêtre de leur maison du Plateau-Mont-Royal. Les fillettes sortaient du bain et étaient flambant nues.

La jeune femme, dont nous avons changé le nom, a aussitôt effacé les vidéos, mais elle se demande encore ce qui se serait produit si elle n'était pas arrivée à temps. «L'amie de ma fille m'a dit: «Ne t'inquiète pas, on ne va pas mettre ça sur YouTube!» raconte-t-elle. Ça montre que ses parents l'ont mise en garde. Mais c'est aussi la preuve que, à 8 ans, elle sait très bien que ça se fait.»

Pour le sexologue et sociologue Simon Louis Lajeunesse, ce genre d'anecdote démontre que les parents doivent parler très tôt de sexualité, voire de pornographie, à leurs enfants. «Il faut foncer dès qu'ils ont 8 ou 9 ans, estime-t-il. À 10 ans, ils sont déjà sur l'internet.»

Les experts ont plusieurs autres conseils. Tout d'abord: faire comprendre aux jeunes que ce qui se retrouve sur l'internet ou dans un téléphone autre que le leur risque d'être rediffusé à l'infini. Même s'ils font confiance à leurs amis, ceux-ci pourraient perdre leur appareil ou se le faire voler, souligne la sexologue Candy Carrier.

Mieux vaut, par ailleurs, garder la caméra web dans une aire commune et être vigilant si l'enfant est toujours en ligne ou éteint l'ordinateur quand le parent surgit.

Les jeunes doivent par contre savoir qu'ils ne se feront pas punir en cas de problème. Plusieurs préféreront endurer les pires tourments plutôt que de se voir confisquer leur téléphone ou leur ordinateur.

Lorsque le pire survient, la police de Montréal conseille de porter plainte pour que les enquêteurs puissent récupérer et préserver la preuve. «Nous serons encore plus submergés, mais c'est important, assure le lieutenant-détective Bianchi. Les dossiers des mineurs sont confidentiels; seuls les policiers peuvent savoir si c'est un incident isolé ou non.»

Les responsables du site Cyberaide (www.cyberaide.ca ou 1-866-658-9022) peuvent aussi intervenir. D'après eux, il faut aviser les sites concernés le plus vite possible pour limiter les risques que les images soient copiées à grande échelle.