Le Canada a établi secrètement entre 1950 et 1980 une liste de milliers de personnes suspectées d'allégeance communiste afin de les arrêter en cas de menace à la sécurité, selon une enquête de la chaîne publique CBC/Radio-Canada publiée jeudi.

Rappelant la chasse aux sorcières instituée aux Etats-Unis, entre 1950 et 1954, par le sénateur Joseph McCarthy, le plan top-secret du gouvernement canadien prévoyait de surveiller, d'arrêter, puis de détenir sans limitation de durée les militants et sympathisants communistes.

Intitulé «Profunc», pour Prominent Functionaries of the Communist Party (Membres importants du parti communiste), le plan avait été rédigé par la Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale) et recensait 16 000 communistes et 50 000 sympathisants supposés.

La liste, envoyée dans des enveloppes sous scellés aux différents bureaux de la GRC, détaillait l'âge des suspects, leur description physique, des photos de leur maison et même l'emplacement des portes par lesquelles ils pouvaient s'enfuir en cas de coup de filet.

Une fois ces derniers arrêtés, les autorités avaient carte blanche pour tirer sur les prisonniers s'ils tentaient de s'évader.

Il s'agit «d'un des programmes de sécurité nationale les plus draconiens» de l'histoire canadienne, souligne le site internet de CBC, qui publie des extraits de l'enquête destinée à être diffusée jeudi soir sur la chaîne francophone Radio-Canada, dans l'émission Enquête, et vendredi soir sur son homologue anglophone CBC, dans The Fifth Estate.