Un des trois hommes arrêtés le mois dernier en Ontario et accusés de se livrer à des activités terroristes a été libéré sous conditions, mardi, au palais de justice d'Ottawa.

Misbahuddin Ahmed, âgé de 26 ans, peut donc retourner auprès de sa femme et de sa petite fille de 8 mois, mais il devra respecter de sévères conditions. Accusé de complot pour faciliter un attentat terroriste et de possession de matériel explosif dans le but de causer des dommages, une accusation pour laquelle il est passible de la prison à vie, il était le premier accusé de la présumée «cellule d'Ottawa» à comparaître en vue de sa mise en liberté conditionnelle.

Impassible, vêtu d'un pantalon sobre et d'une chemise rayée, il a écouté les explications de la juge de paix Louisette Girault, qui a estimé que le jeune technicien en radiologie ne risquait pas de s'enfuir et qu'il ne représentait pas un danger pour la société.

La famille de l'accusé, présente dans la salle d'audience, a paru soulagée d'entendre la décision, et c'est sans son habituelle escorte d'agents de sécurité que M. Ahmed est revenu devant la juge de paix pour la lecture de ses conditions de libération. Six personnes de son entourage - son père, ses beaux-parents, sa femme et deux de ses beaux-frères - se sont portés garants de lui. Ils ont promis de l'accompagner dans tous ses déplacements hors de la maison de ses beaux-parents, à Sainte-Justine-de-Newton, au Québec, où il devra rester jusqu'à son procès.

Une caution de 20 000$ a été versée, mais ses garants ont aussi placé en garantie l'équivalent de 625 000$, dont les propriétés de son père et de ses beaux-parents.

Il n'a pas le droit d'aller sur l'internet ni de posséder un téléphone intelligent, il lui est interdit d'entrer en contact avec ses coaccusés et avec une liste de personnes liées de près ou de loin au dossier, et il ne peut être en possession d'une arme. S'il peut reprendre son poste à l'hôpital d'Ottawa, ses conditions pourraient toutefois être modifiées.

L'avocat de l'accusé, Mark Ertel, s'est réjoui de ce que la juge ait considéré sérieusement les très sévères conditions de libération proposées par la défense elle-même. «Le public devrait être rassuré par le fait qu'une juge de paix très expérimentée a pris presque deux semaines pour revoir tous les éléments du dossier et s'est assurée au nom de la communauté que sa libération était sans danger», a dit Me Ertel.

Les détails de la décision de la juge de paix ainsi que les informations sur le dossier entendues aux audiences des 15 et 16 septembre sont protégés par un interdit de publication. Misbahuddin Ahmed doit retourner en Cour le 20 octobre, pour le début de son procès.

Un autre suspect, Khurram Sher, médecin pathologiste de 28 ans, doit être entendu aujourd'hui, demain et vendredi au palais de justice d'Ottawa en vue de sa libération sous conditions. Il est accusé de complot seulement. La date de l'audience du troisième accusé, Hiva Alizadeh, 30 ans, sur qui pèsent trois chefs d'accusation, n'a pas encore été fixée.