L'extradition d'Abdullah Khadr vers les États-Unis ne ferait que récompenser les pays qui enfreignent la loi, estiment ses avocats.

«Vous ne pouvez pas enfermer des gens dans des prisons illégales au Pakistan et les torturer puis laisser d'autres services de renseignements du Canada et des États-Unis venir dans ces cellules pour les questionner et ensuite utiliser ces déclarations comme preuves», a indiqué Me Dennis Edney, l'un des avocats de Khadr, à l'extérieur de la salle d'audience. «Cela enlève de la crédibilité à tout le système.»

Ottawa veut envoyer l'homme de 28 ans aux États-Unis pour répondre d'accusations de terrorisme, mais Me Edney est d'avis que la confession de son client a été obtenue à l'aide de gestes de torture au Pakistan.

L'audience d'extradition de Khadr s'est terminée vendredi à Toronto. Selon l'avocat de la Couronne, Howard Piafsky, il n'est pas évident que Khadr a été victime de violence.

«Ce n'est pas noir ou blanc comme situation, il y a des nuances de gris», a fait valoir Me Piafsky.

Les accusations des États-Unis contre Khadr reposent sur une déclaration qu'il a faite au FBI et à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) au Pakistan ainsi que sur des renseignements qu'il a fournis lorsqu'il est arrivé à Toronto en décembre 2005.

L'avocat de la Couronne a soutenu devant le tribunal que les autorités américaines avaient fait des efforts pour informer Khadr de ses droits et pour lui laisser savoir que ses entretiens avec le FBI étaient différents de ceux avec les autorités pakistanaises.

Durant les procédures, le juge de la Cour supérieure de l'Ontario Christopher Speyer a affirmé qu'il existait plusieurs raisons pour douter de la valeur des déclarations obtenues par le FBI.

Me Nathan Whitling, un autre avocat de Khadr, a soutenu que l'extradiction de son client reviendrait à récompenser les États-Unis pour leur conduite.

Il a aussi mentionné le cas d'Omar Khadr, le frère cadet d'Abdullah, devant la Cour suprême du Canada. Ce tribunal a statué que les droits du jeune homme avaient été violés parce que les renseignements avaient été obtenus illégalement en prison et qu'ils étaient utilisés contre lui dans la poursuite dont il fait l'objet.

«Le cas Omar Khadr et le cas Abdullah Khadr, c'est la même chose», a indiqué Me Whitling.

Omar Khadr est présentement détenu à la prison de Guantanamo Bay en lien avec la mort d'un soldat américain survenue en Afghanistan en 2002.

Né à Ottawa, Abdullah Khadr a été officiellement accusé aux États-Unis pour avoir supposément acheté des armes pour Al-Qaeda. Il avait été arrêté au Pakistan en octobre 2004 après que les autorités américaines eurent mis sa tête à prix pour 500 000 $ US.

Il a passé 14 mois derrière les barreaux sans que la moindre accusation ne soit portée contre lui. En décembre 2005, il a été envoyé à Toronto où, à la demande des États-Unis, il a été incarcéré sans possibilité de libération sous caution.

Abdullah et Omar sont les fils de Ahmad Said Khadr, maintenant décédé, qui a été associé à Oussama ben Laden et soupçonné d'avoir recueilli de l'argent pour Al-Qaeda.

Le juge Speyer rendra sa décision en juin.