Les Américains ignorent que le Canada est le principal partenaire commercial des États-Unis, ils ne comptent pas du tout sur leur voisin pour les aider dans la lutte contre le terrorisme et ils ne sont qu'un tiers à pouvoir situer correctement sur une carte le Québec, l'Ontario et la Colombie-Britannique, révèle un sondage Angus Reid mené en juin sur l'internet.

Aux yeux de 50% des Américains, la Chine est le premier partenaire commercial de leur pays, tandis que 11% croient que la bonne réponse est le Japon. Seulement 7% ont correctement choisi le Canada.

Ce tiers de répondants capables de situer géographiquement des provinces canadiennes étonne particulièrement Charles-Philippe David, coprésident de l'Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand, à l'UQAM. Pas parce que c'est peu, mais parce que c'est beaucoup, dit-il, quand on compare ce résultat à des études semblables sur l'état des connaissances des Américains. «Quand j'enseignais aux États-Unis il y a 15 ans, les gens pensaient souvent que le Québec était une province du Mexique.»

Chez Angus Reid, on ne nie pas que certains répondants ont peut-être fait une petite recherche sur Google avant de répondre au questionnaire électronique.

Guy Lachapelle, professeur de science politique à l'Université Concordia, est lui aussi surpris qu'un tiers des répondants soient quand même capables de situer correctement les trois provinces canadiennes sur une carte, mais il est convaincu que les Américains connaissent de mieux en mieux le Canada en général et le Québec en particulier. Le Canada, ne serait-ce qu'en raison de tous ces débats reliés au libre-échange et des mérites comparés des systèmes de santé (un enjeu d'importance lors de la dernière campagne électorale canadienne) et le Québec, en raison de sa forte percée culturelle. «Tout le monde sait que Céline Dion est canadienne et que sa première langue, c'est le français. Le Cirque du Soleil, Guy Laliberté en tête, s'est beaucoup publicisé comme une institution québécoise. Le Canada et le Québec font aussi beaucoup plus parler d'eux qu'on ne le croirait. Moi-même, il m'est déjà arrivé d'être interviewé par un obscur journal de Floride ! Et Montréal a également beaucoup fait parler de lui en raison de son opposition à la guerre en Irak: les médias américains ont relevé que c'est chez nous et à Barcelone qu'il y a eu le plus de manifestants dans les rues.»

Le vice-président aux affaires publiques d'Angus Reid, Jaideep Mukerji, pense que «les Américains sont de plus en plus curieux du Canada». Il souligne que près d'un Américain sur cinq a visité le Canada au cours des cinq dernières années. Et que «près des trois quarts de ceux qui ne sont pas venus ont dit que ça les intéressait».

Les Américains qui souhaitent venir au Canada aimeraient surtout (à 22%) visiter la Colombie-Britannique, l'Ontario (20%) et le Québec (14%). Pourquoi ces provinces en particulier ? Là encore, la force culturelle du Québec ressort. Les Américains attirés par le Québec le sont pour ses festivals et ses concerts (24%) de même qu'en raison de sa culture unique (24%), alors qu'ils ont surtout envie d'aller en Ontario parce que c'est tout près (20%) et en Colombie-Britannique pour profiter des beaux paysages (41%).

Même si elles sont toujours insuffisantes, les connaissances des Américains sur le Canada s'améliorent, croit Charles Doran, directeur du Centre d'études canadiennes à l'Université Johns Hopkins, à Washington. On parle tellement de la montée de la Chine que ce n'est peut-être pas si surprenant, dit-il, que la moitié (50%) des Américains définissent à tort ce pays comme leur premier partenaire commercial.

Pour ce qui est de la géographie, «pas sûr non plus que beaucoup d'Américains sauraient situer le Texas avec exactitude !» lance-t-il. «Par ailleurs, bon nombre d'Américains ont des liens familiaux avec le Canada - beaucoup d'entre eux ont d'ailleurs un patronyme francophone -, sans compter que plusieurs ont maintenant des liens d'affaires avec des Canadiens et qu'ils sont nombreux à voyager.»

Enfin, s'ils décident de mettre le cap vers le Nord, ce ne sont pas trop les nouvelles exigences aux frontières qui empêcheront les Américains de le faire : 74% des répondants ont indiqué que le fait de devoir présenter un passeport américain ne changera rien à leur souhait de se rendre au Canada.