Une vingtaine d'adolescentes québécoises parties au Honduras pour y faire un voyage humanitaire sont rentrées hier à Montréal. Saines et sauves, mais très déçues que leur séjour ait été complètement chamboulé et écourté par le putsch actuel.

Chaque jour, elles avaient des activités de bienfaisance à l'horaire. Elles devaient rendre visite à des orphelins, à des personnes âgées et fabriquer des pinatas avec des femmes battues. En lieu et place, elles ont été confinées entre quatre murs. «On jouait aux cartes et on passait le temps en faisant des chorégraphies sur la musique de Michael Jackson!» raconte Pamela Taschereau-Viau, élève du Pensionnat Saint-Nom-de-Marie.

 

Comme ses camarades et celles du collège Jean-de-Brébeuf, elle croit que la décision de rentrer était la plus sage, mais elle assure qu'à aucun moment elle n'a été inquiétée et que jamais elle n'a senti que sa sécurité était compromise. Pas inquiétée du tout, donc, mais bien embêtée. Quand on a 16 ans, que le voyage coûte cher et que l'on espère se rendre utile, on espère mieux qu'un party d'amies...

Frédérique Bacal, qui se trouvait à Tegucigalpa, raconte que ses amies et elle, qui se trouvaient dans la capitale même, n'ont pas mis le nez dehors pendant trois jours. Si bien qu'elle n'a vu que deux manifestations, l'une dans la rue devant la maison où elle habitait et une autre, en route vers l'aéroport, au retour. «Comme le référendum se tenait le lendemain de notre arrivée, il était prévu que l'on reste à la maison ce jour-là. Ce qui n'était pas prévu, c'est qu'on doive y rester les jours suivants aussi.»

Rose Chabot, qui se trouvait pour sa part dans le petit village de San Matias, raconte aussi n'avoir assisté à aucune scène de violence. Au contraire. «Les Honduriens m'ont paru vraiment très pacifiques. J'ai vu des gens aux idées complètement opposées manifester face à face avec leurs pancartes, mais dans le calme le plus complet.»

Les responsables des écoles n'ont pas ménagé leurs efforts pour rassurer les parents et pour mettre les filles bien à l'abri. À un point tel que pour affronter caméras et journalistes qui les attendaient à l'aéroport, les jeunes filles étaient encadrées d'une relationniste de presse.

Pendant ce temps, au Honduras, le chef de l'État par intérim, Roberto Micheletti, a dit hier «ne rien avoir à négocier» en réponse aux pressions de l'Organisation des États américains qui menace d'exclure le Honduras si le président Zelaya n'est pas rétabli dans les 72 heures. Selon l'Agence France-Presse, les autorités en place ont dit que si le président évincé conservait son intention de rentrer au pays dimanche, il serait immédiatement arrêté.

Quelque 10 000 pro-Zelaya ont manifesté dans la capitale hier.

Le couvre-feu est toujours en place et il y a toujours suspension de plusieurs libertés constitutionnelles. Les ambassadeurs de France, d'Espagne et d'Italie ont été rappelés et la Banque mondiale a confirmé le gel de ses lignes de crédit.

Au Canada, le ministère des Affaires étrangères avise ses ressortissants au Honduras de faire preuve de la plus grande prudence et de rester à la maison, surtout s'ils se trouvent dans la capitale.

Présentement, le Ministère recense 642 Canadiens au pays, ce qui représente le nombre de citoyens inscrits au service Inscription des Canadiens à l'étranger. Le chiffre pourrait toutefois être plus élevé, puisque plusieurs voyageurs ne s'inscrivent pas à la liste.

Avec l'Agence France-Presse