Les pourparlers entre le gouvernement Charest et les communautés autochtones sur la gestion des ressources naturelles et l'occupation du territoire ne donnent pas les résultats escomptés. Il y a un an très exactement, Québec avait pourtant promis une reprise du dialogue sur ces enjeux délicats.

«On attend toujours des propositions précises et recevables. Nous n'avons aucune indication claire que Québec est prêt à s'attaquer de front à ces problèmes», a déclaré en entrevue à La Presse hier le président de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, en marge des célébrations de la Journée nationale des autochtones.Il faut dire que Ghislain Picard avait accueilli avec une bonne dose de scepticisme la main tendue par le ministre Benoît Pelletier à pareille date l'an dernier. «Les développements m'ont donné raison, nous n'avons pas avancé. Québec affirme qu'il veut discuter mais évite systématiquement d'aborder les questions taboues et fondamentales des droits ancestraux, du développement des ressources naturelles et du partage des revenus.»

Pire, Ghislain Picard affirme qu'il a plus de raisons d'être insatisfait aujourd'hui qu'il y a 12 mois. Le gouvernement Charest a dévoilé depuis son fameux Plan Nord qui vise à développer la région située au-delà du 49e parallèle où l'on retrouve les territoires ancestraux de plusieurs communautés. Québec assure depuis le début que le projet sera défini en partenariat avec les autochtones. «Mais nous n'en savons pratiquement rien pour le moment et ça nous inquiète.»

L'APNQL a créé le mois dernier un nouveau comité de gestion des terres et des ressources naturelles, formé de représentants de chacune des 11 communautés du Québec. «On verra quelles mesures il faut mettre en place pour accentuer la pression sur le gouvernement pour faire enfin avancer ces dossiers», dit M. Picard.

Réplique

Le ministre responsable des Affaires autochtones, Pierre Corbeil, réplique que si Québec n'a pas encore jeté les bases d'une entente globale avec les représentants des 11 communautés autochtones - tel que demandé par l'APNQL -, des progrès importants ont été réalisés avec certaines d'entre elles. Des conventions signées avec les Cris, les Inuits et les Naskapis en sont à l'étape de la mise en oeuvre, par exemple. «Il y a beaucoup de dossiers qui ont cours présentement», a-t-il insisté en entrevue à La Presse.

Quant au Plan Nord, les véritables pourparlers commenceront sous peu, a-t-il indiqué. «J'ai fait une première tournée l'an dernier sur la base d'invitations et du bon vouloir des participants, qui nous a permis de cibler quatre enjeux prioritaires, comme la desserte du territoire et la formation de la main-d'oeuvre. Mais les prochaines consultations seront plus formelles.»