Le premier ministre du Canada, Stephen Harper, a affirmé lors d'une entrevue accordée vendredi au réseau américain Fox News que le Canada ne voulait pas accueillir les détenus de Guantanamo.

En direct de son bureau d'Ottawa, le premier ministre a accordé, vendredi après-midi, au réseau américain, une entrevue pourtant sur une foule de sujets.

Il a entre autres rappelé que son gouvernement avait un bilan solide concernant son opposition au terrorisme et qu'il «n'offrait pas le Canada comme un refuge sûr pour ceux que les Etats-Unis considèrent être des terroristes».

Sans toutefois prononcer le nom d'Omar Khadr, Stephen Harper a dit qu'il y avait toujours un Canadien détenu à la prison de Guantanamo qui était accusé et que son gouvernement attendait de voir ce qu'allait faire l'administration américaine dans ce cas particulier.

Originaire de Toronto, le jeune homme de 22 ans est accusé d'avoir abattu un soldat américain en Afghanistan en 2002, lorsqu'il avait 15 ans.

Cette semaine, plusieurs pays ont fait savoir qu'ils acceptaient sur leur territoire plusieurs des détenus de Guantanamo. Un représentant américain a été envoyé à Ottawa pour demander au gouvernement canadien de suivre leur exemple mais la demande a toutefois été rejetée.

Questionné à savoir ce qu'il pensait de la décision d'Obama de fermer la prison américaine d'ici 2010, Stephen Harper a répondu que la décision était finalement celle des Etats-Unis.

Selon le premier ministre canadien, le gouvernement américain devra trouver un équilibre lorsqu'il tentera de résoudre les nombreux problèmes évoqués par la communauté internationale au sujet de la fermeture de la prison controversée. Les Etats-Unis devront tenter de résoudre ces problèmes tout en maintenant leur politique de sécurité à l'égard des terroristes, selon M. Harper.

«Mais nous travaillons très étroitement avec son administration, comme nous l'avons fait avec les précédentes, pour identifier tous les suspects terroristes et pour tenter de combattre leurs activités», a-t-il dit.

Le premier ministre canadien s'est également dit concerné par l'envoi de 700 nouveaux agents américains à la frontière du Canada puisque cela pouvait avoir un impact sur le commerce en temps de crise économique.

«Nous avons des économies très intégrées et nous voulons nous assurer que les systèmes que nous mettons en place qui s'occupent des menaces sécuritaires ne deviennent pas des barrières aux interactions commerciales ou sociales», a souligné Stephen Harper.

Il a également mis en garde le public américain contre les dangers du protectionnisme et d'une politique d'achat local («Buy America») lors de la récession. Il a affirmé qu'en réponse aux municipalités et aux états américaines qui adoptaient une telle politique, les provinces et les municipalités canadiennes menaçaient désormais de faire la même chose.

Il a ajouté que le plus grand risque à la reprise économique mondiale était une recrudescence du protectionnisme.

«Le pire signal que l'on pourrait envoyer au monde en ce moment serait une hausse du protectionnisme, et en particulier, une guerre d'approvisionnement entre le Canada et les Etats-Unis», a-t-il affirmé.