Se disant « étonnée et déçue », Gaz Métro a décidé de porter en appel la décision du Tribunal des droits de la personne qui l'a reconnue coupable en septembre de discrimination systémique à l'égard de femmes.

Ironiquement, c'est à la suite d'une politique mise en place en 1995 et visant justement à accroître le nombre de femmes dans des postes de préposé/réseau que Gaz Métro a été condamnée. Par voie de communiqué, Serge Régnier, vice-président, employés et culture, a fait valoir que les critères d'embauche étaient fondés « sur des critères adaptés aux besoins opérationnels et aux normes exigeantes de l'industrie gazière canadienne, notamment en matière de sécurité civile ».

En septembre, la juge Michèle Rivet ne l'a pas entendu ainsi. Elle a plutôt donné raison à sept femmes et reconnu que le processus de sélection de Gaz Métro était « contaminé par la subjectivité, l'arbitraire et un grand pouvoir de discrétion » des employés chargés du recrutement.

Par leur incompétence, écrit la juge Rivet, ces personnes ont à la fois alimenté et reproduit « un système de recrutement entaché de discrimination envers les femmes ».

Gaz Métro a été condamné à verser 220 000 $, comprenant des dommages matériels de 60 000 $, des dommages moraux de 105 000 $ et des dommages punitifs de 55 000 $. En outre, la compagnie a été contrainte d'implanter d'ici trois mois un programme d'accès à l'égalité pour des postes de préposé réseau, ou postes équivalents, à être accordés à 40 % de femmes.

Le jugement obligeait aussi Gaz Métro à réintégrer Marie-Claude Côté, qui « a subi un refus d'embauche discriminatoire au motif de sa grossesse, et ce, après avoir réussi l'ensemble des étapes (de sélection) ».

Déjà, en 2002, après plusieurs mois d'enquête, la Commission des droits de la personne recommandait à Gaz Métro d'adopter plusieurs mesures de redressement visant à corriger les situations discriminatoires qu'elle avait constatées. La compagnie avait refusé, d'où l'introduction de procédures judiciaires.

Parmi les témoignages entendus au Tribunal des droits de la personne se trouve celui de Shirley Thomas, qui est venue raconter que lors de l'examen, on lui a fait passer le mauvais test, soit celui de préposée service, plutôt que celui de préposée réseau. En outre, a-t-elle raconté, on lui a remis des clés anormalement graisseuses, l'examinateur lui refusant au surplus le port de gants qu'elle avait apportés.