Des feux de balisage éteints et un orage violent ont causé la sortie de piste d'un Airbus d'Air Canada, en octobre 2014, à l'aéroport Montréal-Trudeau. Le rapport du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) dévoilé mardi matin met en évidence des lacunes, tant du côté de l'aéroport que des normes de Transports Canada.

Le rapport révèle que le jour de l'incident, une seule piste était en service; or, les feux de balisage étaient éteints. Comme les lumières ne fonctionnaient pas, le BST estime que la piste aurait dû être fermée.

«Après que l'aéronef eut franchi le seuil de piste, l'intensité de la pluie a augmenté soudainement, et le pilote aux commandes a perdu la plupart de ses repères visuels», a expliqué l'organisme chargé de l'enquête.

À ces conditions se sont ajoutés des vents latéraux soudains qui, combinés à la pluie et à l'absence de feux de piste, ont nui aux manoeuvres d'approche.

«Le pilote a eu de la difficulté à déceler le mouvement latéral de l'aéronef et à prévenir la sortie de piste. De plus, durant l'approche finale, les conditions météorologiques avaient changé rapidement et à un point tel que le balisage de piste était devenu essentiel», souligne le rapport.

Aéroports de Montréal a révisé les conditions de fermeture des pistes à la suite de l'incident, indique le document officiel, et Air Canada a établi de nouvelles lignes directrices pour ses équipages appelés à voler dans de pareilles conditions.

Avertir les pilotes des changements du vent

Les forts vents ont également contribué à la dérive de l'appareil. Comme on l'a vu plus haut, le pilote n'a pas été en mesure de déceler l'inclinaison. L'aéroport Trudeau ne possède pas de système servant à indiquer aux pilotes les changements rapides de direction et de vélocité du vent (un avertisseur de cisaillement du vent). La réglementation n'en exige pas non plus, soulève le BST.

«Cet évènement montre comment les conditions de vol à proximité d'un orage peuvent changer dramatiquement et soudainement, posant un risque pour la sécurité aérienne», a soulevé le BST, qui recommande depuis 2008 que Transports Canada (TC) resserre sa réglementation concernant les orages aux abords des aéroports.

«Si TC ne prend pas les mesures nécessaires pour élaborer des normes claires sur l'évitement des orages à l'approche et à l'atterrissage, les approches en présence d'orages continueront, exposant les aéronefs à de multiples dangers imprévisibles», peut-on lire.

Transports Canada ne promet rien

Au ministère des Transports du Canada, on dit prendre le rapport du BST « très au sérieux », mais on se fait prudent sur la suite qui y sera donnée. 

«Nous examinerons ses conclusions de façon minutieuse pour recenser les domaines où d'autres améliorations en matière de sécurité s'imposent», a répondu par courriel la porte-parole Natasha Gauthier, avant d'énumérer une liste «d'initiatives réglementaires» publiées dans la dernière année concernant la question des accidents à l'approche et à l'atterrissage. Maintenance hivernale de l'aéroport, accès aux côtés des pistes, exploitation d'hydravions... Rien ne concerne toutefois les orages. 

«Le ministère travaille avec les experts de l'industrie en vue de réviser les normes d'aéroport pour inclure des aides visuelles supplémentaires permettant aux pilotes d'évaluer la distance d'atterrissage restante», a soulevé Mme Gauthier.

«Transports Canada examine aussi les solutions possibles pour offrir des renseignements plus opportuns et perfectionnés aux équipages de bord sur les conditions de piste et météorologiques», a-t-elle ajouté.

Aéroports de Montréal n'a pas donné suite aux demandes d'entrevue de La Presse.

PHOTO FOURNIE PAR LE BST

Cette trace de pneu a été laissée par l'avion d'Air Canada en faisant une sortie de piste à l'aéroport Montréal-Trudeau, en octobre 2014.