Fraîchement élue à la tête de Projet Montréal, Valérie Plante se fixe maintenant comme objectif de briser le plafond de verre à l'hôtel de ville en devenant la première mairesse de la métropole.

Valérie Plante a remporté la course à la direction de Projet Montréal dans un vote extrêmement serré. Elle a obtenu 52% des votes des membres de son parti devant Guillaume Lavoie, que plusieurs donnaient favori. Mme Plante devient du coup chef de l'opposition et candidate désignée de la formation politique pour affronter Denis Coderre aux élections de novembre 2017.

Ce n'est pas la première fois que Valérie Plante cause la surprise. En 2013, elle avait été élue contre toute attente face à Louise Harel. Maintenant, elle compte déjouer les pronostics selon lesquels Denis Coderre est impossible à déloger de la mairie. «Je suis prête à battre Denis Coderre. Oui, c'est un grand défi, mais personne n'est imbattable, surtout pas Denis Coderre», a-t-elle lancé aux militants de Projet Montréal réunis dimanche au théâtre Olympia.

«Dans deux, trois ou quatre ans, après qu'on aura gagné les prochaines élections, après qu'on aura redonné la fierté aux Montréalais, après qu'on aura défoncé le plafond de verre, après qu'on aura donné à Montréal sa première mairesse, j'ai le goût que de Vancouver à Berlin, de Melbourne à Rio, les gens citent Montréal comme une ville innovante, écologique et progressiste. Une ville dont il faut s'inspirer», a déclaré Valérie Plante.

Succéder à Ferrandez

L'élue succède ainsi à Luc Ferrandez, qui avait pris la tête de Projet Montréal depuis le départ de Richard Bergeron, en octobre 2014. Celui-ci, qui reprend à temps plein son rôle de maire du Plateau-Mont-Royal, se dit convaincu des chances de sa collègue de gagner la mairie en 2017.

«Jamais Denis Coderre n'aura eu un opposant aussi fort. En plus, c'est une femme, et ce n'est pas négligeable. Autre élément non négligeable, avec l'élection de Trump, on voit qu'il y a un mouvement anti-establishment dans le monde entier. Le monde en a marre des professionnels de la politique. Valérie est anti-establishment», a déclaré Luc Ferrandez.

Le maire du Plateau croit que les médias ont tout faux en insistant sur le taux d'approbation du maire. «Quand on dit que Denis Coderre a 60% des appuis, on s'entend pour dire que 40% ne l'aiment pas. Ce 40%, c'est parmi les gens informés ou pas informés? L'intelligentsia montréalaise a déjà fait son deuil de Denis Coderre. Le 60% qui lui reste, ce sont des gens qui s'intéressent peu à la politique ou qui ont des opinions fortes sur lesquelles on peut travailler. L'avenir est à Projet Montréal», a dit M. Ferrandez.

Défi de l'unité

Le premier défi de Valérie Plante sera toutefois de refaire l'unité au sein de Projet Montréal. Quinze des 25 élus du parti avaient appuyé la candidature de Guillaume Lavoie, et seulement six la sienne. Luc Ferrandez s'est dit convaincu qu'elle parviendra à rassembler les troupes à l'issue de cette course à la direction. «C'est sa grande force. C'est une fille qui est capable de téléphoner à quelqu'un qui ne l'aime pas, quelqu'un qui prétend être différent, et être capable de négocier avec cette personne. Autant Guillaume [Lavoie] a une stature d'État, autant elle a une stature de chef.»

Valérie Plante a d'ailleurs profité de son discours de victoire pour livrer un appel à l'unité, saluant son adversaire Guillaume Lavoie et François Limoges, qui s'est désisté en fin de course. «Ensemble et seulement ensemble, on va gagner Montréal en 2017.»

Programme social-démocrate

Valérie Plante s'est fait élire en mettant de l'avant la lutte contre les inégalités sociales dans sa campagne. Elle propose notamment d'améliorer le service de transports en commun. Elle a entre autres proposé l'aménagement d'une nouvelle ligne de métro, la ligne rose, afin de relier le centre-ville à Montréal-Nord, afin de soulager l'engorgement sur la ligne orange.

«Il y a des gens avec des emplois précaires qui sont à une panne de métro de perdre leur emploi. Quand j'entends des gens se faire engueuler parce qu'ils arrivent en retard à leur travail, je trouve que ce n'est pas normal», a-t-elle dit.

Dans un communiqué de presse, Denis Coderre a salué l'élection de Valérie Plante à la tête de Projet Montréal, disant être prêt à collaborer avec elle à l'hôtel de ville. «Dans l'intérêt de tous les Montréalais, je travaillerai avec toute personne qui a les mêmes objectifs de faire de Montréal une métropole où il fait bon vivre.»

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RÉSULTATS DU VOTE

Valérie Plante : 52% (998)

Guillaume Lavoie : 48% (919)

Bulletins rejetés : 6

Taux de participation : 66,7% (1923 sur 2884 membres)

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PROJET MONTRÉAL EN CINQ DATES

2004 : Fondation du parti municipal par Richard Bergeron.

Novembre 2013 : Pour la troisième fois, Richard Bergeron échoue à se faire élire à la mairie de Montréal, face à Denis Coderre.

Octobre 2014 : Richard Bergeron quitte son parti pour rejoindre l'administration Coderre, Luc Ferrandez lui succède par intérim.

4 décembre 2016 : Valérie Plante prend la tête de la formation politique.

7 novembre 2017 : Prochaines élections municipales à Montréal.