L'entreprise Six Flags veut renégocier son bail pour La Ronde qui la lie à Montréal jusqu'en 2065. Celle-ci souhaite réduire son loyer en plus de revoir le calcul prévoyant l'indexation automatique de sa facture.

Six Flags a acquis La Ronde en 2001, mais la Ville de Montréal est demeurée propriétaire du terrain qui couvre la pointe nord de l'île Sainte-Hélène. Dans le cadre de cette vente, les deux ont signé à l'époque un bail emphytéotique de 64 ans, soit jusqu'en 2065. L'entente prévoyait un loyer annuel de 2,5 millions pour les 10 premières années, puis une indexation annuelle de cette somme.

Quatorze ans après cette entente, l'entreprise américaine s'est inscrite au Registre des lobbyistes au début du mois de juillet pour renégocier son bail. Dans son inscription, Six Flags dit vouloir revoir «les montants payables, les calculs des montants payables et l'échéancier des paiements».

Six Flags ajoute vouloir aussi négocier «les dispositions en lien avec L'International des Feux Loto-Québec».

Par courriel, Six Flags a décliné nos demandes d'information au sujet des changements réclamés. «Nous ne commentons pas nos conversations avec la Ville de Montréal», a écrit Jules Hébert, chef de division aux communications.

L'entreprise a toutefois assuré qu'il n'est pas question de mettre fin au concours international de feux d'artifice, qui existe depuis 1985. «Nous sommes fiers de présenter L'International des Feux Loto-Québec et comptons le faire pour encore plusieurs années», précise M. Hébert.

Voilà, le ministre Robert Poëti a évoqué en juin 2014 un possible déménagement des feux d'artifice de La Ronde pour éviter de nuire aux nombreux chantiers en cours dans la métropole. La tenue de cet événement vient parfois chambouler ces travaux puisqu'il faut de fermer le pont Jacques-Cartier deux soirs par semaine, une entrave majeure à la circulation. «Je ne veux pas qu'on arrête les feux d'artifice, mais est-ce qu'on pourrait les faire ailleurs? Je pense que la réponse est oui», avait-il déclaré au micro de Benoît Dutrizac.

Outre la Ville de Montréal, Six Flags prévoit discuter de son bail avec le ministère des Transports, dont le ministre, Robert Poëti, est également responsable de la métropole. À son cabinet, on indique ne pas être au courant des changements au bail demandés par l'entreprise américaine. «Nous ne sommes pas impliqués dans la négociation du loyer de Six Flags avec la Ville de Montréal», a indiqué une porte-parole, Anne-Catherine Couture. 

Les activités de lobbyisme de l'entreprise toucheront aussi le ministère du Tourisme, Loto-Québec et la Société du parc Jean-Drapeau, qui gère le site de l'île Sainte-Hélène.

Selon son inscription au Registre des lobbyistes, Six Flags dit recevoir 1,3 million en fonds publics par année. Loto-Québec, commanditaire principal des feux d'artifice, lui verse 1 million, tandis que le ministère du Tourisme lui accorde une aide de 330 000$ et Tourisme Montréal, 10 000$.

La Ville de Montréal n'a pas commenté les discussions avec l'entreprise américaine.

Santé retrouvée

Six Flags est le principal acteur mondial des parcs d'attractions, avec 18 parcs aux États-Unis, au Mexique et au Canada. L'achat de La Ronde en 2001 a été sa dernière grande acquisition. L'entreprise texane s'est en effet plutôt départie de ses parcs d'attractions depuis, vendant ou fermant 23 d'entre eux. En difficulté financière en 2009, l'entreprise s'était placée sous la protection des tribunaux, mais avait réussi à restructurer ses activités pour éviter la faillite.

Depuis, l'entreprise a renoué avec la profitabilité, terminant 2014 avec des revenus records de 1,2 milliard. L'entreprise continue à afficher une croissance de ses revenus depuis le début de 2015. La valeur de son action a pratiquement été multipliée par six depuis cinq ans. Son action qui se détaillait 8,10$US vaut maintenant 46,64$US.